Ma clientèle et moi
Laurent Gaudens
Co-Fondateur Institut Dulcenae, ouvert depuis 2018, 60 rue Caumartin, 75009 Paris.
«J’ai créé un institut de beauté inclusif»
En ville, pas de soin pour les malades !
Mon associée Sophie et moi-même ne sommes pas issus du domaine de la beauté. Je suis un grand brûlé depuis l’âge de 4 ans. J’ai créé en 2015 l’Association Burns and Smiles pour venir en aide aux brûlés, pour les aider à sortir de l’isolement et à retrouver une place dans la société. Deux raisons nous ont poussés à créer l’Institut de Beauté Dulcenae. Dans le cadre de la réflexion sur la problématique des brûlés, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait un problème d’estime de soi. C’est ainsi que j’ai découvert le métier de socio-esthéticienne mais, en ville, si vous n’êtes pas malade, c’est plus compliqué de trouver un soin de socio-esthétique.
D’autre part, Sophie et moi sommes de grands adeptes des spas et des soins. Personnellement, j’ai souvent vécu des expériences assez négatives. Du fait de mes brûlures, les esthéticiennes qui me recevaient étaient souvent choquées.
En en parlant, et notamment avec des personnes ayant déjà eu un cancer, nous avons réalisé qu’il y avait toujours cette difficulté de trouver un institut apte à accueillir cette clientèle.
C’est ainsi que nous est venue l’idée de créer un institut de beauté pour répondre à cette demande.
La création d’un institut inclusif
Sophie et moi avons décidé d’arrêter nos activités professionnelles pour nous consacrer uniquement à notre projet. Nous avons reçu une formation sur les bases de la socioesthétique à l’École Paris Beauty Academy. Nous avons ouvert en juillet 2018 l’Institut Dulcenae, un institut de bien-être et de beauté inclusif. Nous sommes en mesure d’accueillir une clientèle avec des particularités physiques que nous avons définies en trois univers : le cancer, les maladies de peau, les cicatrices, et enfin les handicaps moteurs et sensoriels. Nous avons trois cabines et travaillons avec cinq expertes beauté.
S’adapter à sa clientèle
Aujourd’hui, les personnes en fauteuil roulant ont beaucoup de difficultés à trouver un institut de beauté qui peut les accueillir normalement. Pour les handicaps sensoriels, c’est pareil. Il faut être formé pour savoir prendre en charge une personne aveugle. Voici quelques exemples de détails que nous avons mis en place, une gamelle d’eau pour les chiens guides et des portes perruques dans les cabines. Tout doit être fait pour que la cliente se sente accueillie et non pas à part. Nous avons ainsi mis en place des protocoles d’accueil précis en fonction de chaque clientèle.
Un institut de beauté pour tout le monde, vraiment
Nous mettons l’accent sur le fait que l’Institut Dulcenae est inclusif. Les personnes qui ont des particularités physiques représentent 30 % de notre clientèle. Ici, tout le monde est bienvenu. Personnellement, je ne voulais pas aller dans des instituts où il n’y avait que des brûlés par exemple. Je voulais être considéré normalement. Tout le monde se croise dans notre institut et ce n’est pas un problème, personne n’est mis de côté. Une esthéticienne qui est capable d’écouter et de toucher quelqu’un avec une particularité physique est capable de le faire pour une cliente qui n’a rien de grave.
Les soins de Dulcenae
Tous nos soins débutent par un échange entre l’esthéticienne et la cliente, qui est primordial afin de comprendre les besoins de la cliente. Nous travaillons avec Comfort Zone pour le soin et Eye Care pour le maquillage. Le soin le plus demandé est notre Massage Signature. C’est un massage relaxant d’une heure qui est entièrement personnalisable, à 80 €. Régulièrement, nous privatisons l’institut pour accueillir nos associations partenaires pour des ateliers collectifs avec des soins flashs. Cela permet à ces personnes d’avoir une vraie pause.
Le recrutement et la fidélisation de la clientèle
Le recrutement de notre clientèle s’est fait en grosse partie grâce aux retombées presse. Ensuite, le bouche-à-oreille a été incroyablement efficace. Beaucoup de personnes ont dans leur famille quelqu’un qui a déjà eu un cancer malheureusement et des médecins nous envoient aussi leurs patients.
L’avenir…
Nous aimerions étendre notre concept sous forme de franchises car les soins doivent devenir un service de proximité. Voir la satisfaction et la joie de nos clientes à la sortie de cabine est ce qui m’anime au quotidien.
Cyril Videau
Esthéticien depuis 9 ans Men in Beauty Corner, ouvert depuis 2015, 255 rue Judaïque 1er étage, 33000 Bordeaux.
«Esthéticien, je ne m’occupe que des hommes»
En 2012, j’ai eu une révélation après avoir profité de soins en institut. J’ai laissé derrière moi mon travail en restauration pour me consacrer à l’esthétique. J’ai passé mon CAP Esthétique.
Devenir esthéticien
J’ai dû me confronter à un obstacle dès le départ : trouver une école d’esthétique qui accepte un homme au sein de classes 100 % féminines. Des établissements me disaient : «Vous comprenez, c’est le loup dans la bergerie…». Ce n’était pas juste… Je ne me suis pas gêné, une fois le diplôme en poche, pour leur faire savoir qu’ils avaient raté quelque chose !
Men in Beauty Corner
Je venais de quitter un poste à responsabilités, je voulais me prouver à moi-même que j’étais capable de créer mon entreprise. J’ai donc créé l’Institut Men in Beauty Corner en 2015. Mon établissement est situé dans un appartement au premier étage d’une belle maison bordelaise, un lieu cosy et discret où la masculinité règne. Beaucoup d’instituts pour femmes ou mixtes existent, mais ils proposent souvent des prestations limitées pour les hommes.
Il fallait que, dans une grande ville comme Bordeaux, un super-héros prenne soin de ces messieurs ! Je voulais apporter mon savoir-faire dans un lieu où les clients se sentent comme chez eux, puisqu’ils sont reçus individuellement, sans salle d’attente dans un décor qui me ressemble. Je suis friand de décoration, je me soumets très volontiers à des changements décoratifs fréquents, de nouveaux objets ou des photos de jeunes artistes. Mes clients entrent par le côté boutique qui est la première pièce, la seconde salle est l’unique cabine.
Les attentes de la clientèle masculine
Les hommes sont une clientèle qui a envie de se faire plaisir, mais en toute discrétion. Ils savent exactement ce qu’ils veulent, leurs attentes sont simples et concises. Étant un homme, je comprends facilement ce qu’ils attendent d’une prestation. J’ai une approche différente en fonction des clients. Ils savent que je peux être à l’écoute, mais ils savent aussi que je peux faire le silence afin de respecter leur timidité ou leur état émotionnel du moment. Je suis très manuel, à part le Vapozone, je n’utilise pas d’appareils pour mes soins. Je travaille avec Soskin Paris pour le visage et My Spa pour le corps.
Un succès grâce au bouche-à-oreille
J’ai fait beaucoup de publicité pendant les premiers mois d’ouverture de mon institut. Mais, pour prendre la température avant même de l’ouvrir, j’ai fait du domicile pendant quelques mois, j’ai mis des flyers dans les boîtes aux lettres, dans les salles de sport et les restaurants. Je me suis aussi beaucoup servi des réseaux sociaux. Deux ans après mon ouverture, mon budget communication a littéralement fondu, puisque le bouche à oreille s’est développé.
Une proposition traditionnelle, spécifique homme
Je propose des soins traditionnels et des épilations toutes zones, je n’ai pas de tabou. Le maillot intégral est à 30 euros. L’épilation du torse ou du dos est à 24 euros et les jambes complètes à 32 euros. Je propose des soins visage à partir de 65 euros. Mes clients sont friands de peelings et autres soins qui nettoient la peau en profondeur. Le massage de 60 minutes est à 65 euros.
Fidéliser la clientèle
Tout d’abord, ces messieurs n’ont qu’un seul et unique interlocuteur : moi ! De ce fait, ils se sentent rassurés. J’ai un système de fidélité très simple, tous les cinq encaissements, ils bénéficient de -15 % sur leur facture, ils peuvent ainsi se faire plaisir en s’achetant un produit par exemple. Je propose des prix attractifs sur les épilations, ce qui n’abaisse en aucun cas la qualité des prestations. J’ai envie que tous les milieux sociaux, ou presque, puissent accéder à mes soins. J’organise des concours, j’offre des cadeaux pour Noël, cela représente un certain coût financier, mais mes clients me le rendent à chaque instant, j’ai des clients en or ! Le seul secret pour réussir, c’est de voir votre clientèle comme vous aimeriez que l’on vous voie.