Influenceuses beauté : pourquoi pas les esthéticiennes ?
Les influenceuses beauté et les Françaises
Sananas, Sandrea ou encore Noémie Makeuptouch : ce sont elles les nouvelles expertes de la beauté sur la toile ! Entre conseils maquillage, tests produits ou encore routines skin care, leurs vidéos séduisent et leurs conseils interpellent. Leur influence a un impact considérable sur les habitudes beauté de leurs abonnés. Et pourtant, selon une étude Treatwell publiée en 2021, seules 18 % des Françaises reconnaissent faire confiance aux posts visibles sur les réseaux sociaux, et 21 %, à ceux repérés sur les blogs beauté. D’après la même étude, parmi les professionnels jugés de confiance par les Françaises, les esthéticiennes arrivent à la troisième place à 28 %, derrière les dermatologues à 40 %, et l’entourage familial et amical à 34 %. Quant à la jeune génération de 18 à 30 ans, elle se tourne plus facilement, à hauteur de 31 %, vers les blogs beauté pour des conseils. Conclusion : pour séduire la jeune génération qui représente le futur de votre clientèle, vous devez fournir des efforts et cela passe par la communication et la fédération d’une communauté sur les réseaux sociaux.
Influenceur : définition
L’influenceur est un expert et un repère média pour les consommateurs, comme l’explique Matthieu Delagrange, chef de projet chez Agence Community Management : «Un influenceur est une personne qui a un potentiel d’influence, une notoriété suffisante, et qui dispose d’une communauté réunie autour de ses canaux de communication pour discourir autour d’un sujet sur lequel il est pertinent auprès de son audience». Il est possible d’être influenceur food, sport, lifestyle et bien sûr beauté. Chacun se spécialise en fonction de sa passion et de son expertise afin de donner des astuces à ses followers. «L’influenceur beauté doit avoir la capacité de distribuer une connaissance suffisamment accrue à son audience pour l’orienter et l’aider dans ses choix et dans ses pratiques au quotidien» poursuit l’expert.
Influenceur pour une marque
Le métier d’influenceur peut être très bien rémunéré, à condition d’être suffisamment «gros». Certains influenceurs français gagneraient près de 50 000 euros par mois ! Plusieurs moyens existent pour gagner de l’argent sur les réseaux sociaux, détaillés par Matthieu Delagrange : «La première façon est de pouvoir contractualiser avec une marque, l’annonceur, en faisant du placement de produit sur des photosou en story sur Instagram. Aussi, il est possible en tant qu’influenceur de mener un jeu concours auprès de son audience, pour une marque, afin de faire gagner à ses followers un set de produits par exemple. Il est également possible de faire une mise en pratique du produit s’il s’agit de make-up.
L’idée est aussi de faire vivre l’expérience de l’unboxing (déballage) à son audience qui ne connaît pas nécessairement le produit. Il est possible d’aller plus loin si la marque le souhaite en travaillant sur une capsule, qui est quelque chose que l’on voit moins souvent. L’influenceur est invité par la marque à prendre en main le compte Instagram ou Tik Tok de celle-ci. Le but est de proposer une capsule de différentes pratiques, ce qui est moins orienté sur le produit. Cela permet de mettre en avant l’image de marque de l’influenceur, posée sur celle de l’annonceur. Ceci se fait pendant une période définie avec la marque, qui ne prend plus la parole pendant ce temps. Cela donne un cachet plus expert, plus storytelling et moins marketing».
Influence et esthétique : est-ce compatible ?
La plupart des influenceurs connus consacrent 100 % de leur temps à leur activité sur les réseaux sociaux. En tant qu’esthéticienne, il n’est pas nécessaire, si vous voulez continuer à exercer votre métier d’esthéticienne et non pas vous consacrer uniquement à l’influence, d’avoir des millions d’abonnés sur vos réseaux sociaux. «Une esthéticienne peut tout à fait se positionner en tant qu’influenceuse pour ses clientes. Néanmoins, il faut garder à l’esprit que cela peut devenir difficile si le but est d’avoir une grande audience.
La contrainte n’est pas liée à l’esthéticienne et à son agenda, mais à l’algorithme. Au départ, vous vous positionnez en tant qu’experte sur un sujet qui n’est pas ou peu connu, une audience va de ce fait être attirée. Des marques vont alors contacter l’influenceuse pour du placement de produits et des partenariats rémunérés. Mais à mesure de cette évolution, il va falloir être plus active pour rester toujours bien référencée, bien visible. Dans votre cas, si vous décidez de croître et d’avoir de plus en plus d’influence, cela va devenir très difficile de combiner votre métier d’esthéticienne à temps plein et votre métier d’influenceuse» détaille l’expert en communication digitale.
Les micro et nano-influenceurs
Matthieu Delagrange explique que les esthéticiennes qui souhaitent continuer d’exercer leur métier premier peuvent tout à fait se positionner sur une niche : «Nous parlons dans ce cas de micro, voire de nano influenceur. Le micro-influenceur va rester sur une zone très définie, une niche. Pour vous, esthéticienne, une influence de niche se fera par exemple uniquement sur l’épilation pour les peaux sensibles. Vous pouvez parcourir toutes les solutions en épilation pour peau sensible qui existent. Ainsi, vous pouvez être amenée à benchmarker -étudier, comparer ce que fait la concurrence- en présentant soit ce qu’on vous a envoyé ou bien des produits que vous avez déjà en votre possession. Ceci permet donc de concentrer votre audience sur un sujet précis, tout en gardant votre activité principale. De plus, l’influence sur les réseaux sociaux vous apportera une rémunération supplémentaire».
Community management et influence
L’expert tient également à préciser que la totalité des tâches découlant de la communication d’influence ne peut pas être déléguée à un community manager. La création de contenu comme se filmer, faire un test produit ou montrer une pratique à l’écran ne peut se faire que par l’influenceur lui-même : «Certaines tâches peuvent être déléguées comme la rédaction des contenus, la publication et l’analyse. Dans ce cas, l’influenceur peut mettre à la disposition du community manager un stock de contenus prêts à être publiés.
Le visage de l’influenceur est indispensable pour que la communication fonctionne.
La communication de marque est figée et revient parfois à faire un petit catalogue de ses produits car l’objectif est de vendre. Ceci est moins vrai pour un influenceur et on le voit bien avec l’émergence de Tik Tok. Le contenu est très naturel et très en proximité avec la communauté. Plus on va vers des réels -vidéos très courtes où l’on se met en scène- plus cela attire l’audience. Vous pouvez montrer en effet de façon très transparente qui vous êtes et ce que vous faites. L’influenceur est donc presque contraint de devoir tout gérer seul. Ceci, non pas parce qu’il n’a pas les moyens, mais parce que l’aspect très transparent, brut et dénaturé de la chose va le contraindre à le faire de cette manière».
Créez une communauté
Soyez pertinente
Être influenceuse en plus de votre métier d’esthéticienne peut paraître séduisant. Néanmoins, plonger dans le grand bain sans savoir vers où vous diriger peut s’avérer hasardeux. Tout d’abord, il est nécessaire d’étudier ce qui existe. «La première chose importante à faire est de regarder ce qu’il se passe autour de vous, dans votre secteur d’activité. Sur Instagram et Tik Tok, aller liker quelques posts et faire de la modération active est intéressant. C’est-à-dire entrer sur un compte, identifier quelques posts sur lesquels il y a suffisamment de commentaires et commenter quelque chose de pertinent que l’audience va voir. Ce commentaire va amener l’audience à aller sur le compte de la personne qui a rédigé le commentaire et potentiellement la suivre. C’est la manière la plus simple d’acquérir des followers» explique l’expert.
Publiez du contenu
L’autre moyen de créer une communauté autour de vos réseaux sociaux est de publier du contenu, comme l’indique Matthieu Delagrange : «Cela doit se faire en respectant les critères imposés par Instagram ou Tik Tok. Par exemple, si vous souhaitez publier un carrousel -un album de visuels- sur Tik Tok ou Instagram, il faut publier le nombre de vignettes maximum. C’est une mécanique qui est presque basée sur du marketing AIDA : Attirer, Intéresser, créer le Désir et générer l’Action. Vous attirez l’attention sur les premières vignettes jusqu’à délivrer à la dernière vignette un appel à l’action ou une information pertinente. Et l’action ici est : Abonnez-vous à mon compte si vous en voulez plus. Cela se déploie très bien sur Instagram et de plus en plus sur Linkedin».
Ce qui fonctionne le plus
Parmi la multitude de formats de publication possibles, certains sont à privilégier, d’autres à mettre en place au fur et à mesure de l’évolution de l’influenceur. «Le live est quelque chose qui peut être mis en place au démarrage, cela dépend de la communauté que vous avez déjà. Si vous tenez un blog depuis quelques années et que vous n’êtes pas encore lancée sur Instagram, vous possédez déjà probablement quelques contacts qui sont par exemple inscrits pour recevoir votre newsletter. Cette liste de contacts peut donc être exploitée. Vous pouvez communiquer auprès d’elle sur le fait que vous organisez un live sur tel sujet à telle date. Le live reste tout de même une machinerie assez importante à monter. Il faut généralement être face à une caméra toute seule, avoir la capacité de répondre aux commentaires, tout en exécutant le sens du live. Sur Tik Tok, il faut publier minimum une fois par jour. Sur Instagram, nous arrivons presque à cette même fréquence. Pour vous faire découvrir sur Instagram, les réels fonctionnent très bien. C’est le format qui génère le plus de portée organique, contrairement aux posts dans le feed ou les stories.
Par ailleurs, il est possible depuis près d’un an de mettre en place le système de collaboration sur Instagram. Cela vous permet de bénéficier de l’audience de quelqu’un d’autre en publiant une photo ou vidéo sur ce même compte. Cela peut potentiellement attirer du trafic de cette audience sur votre propre compte et générer des nouveaux followers. Le jeu concours recrute également beaucoup de monde. Le #jeuconcours est tracké sur Instagram» explique Matthieu Delagrange.
N’achetez pas d’abonnés
L’idée d’acheter des abonnés afin de faire gonfler votre nombre de followers peut être alléchante, mais, attention, il s’agit d’une fausse bonne idée. «Cela ne permet pas de contrôler la qualité des abonnés. C’est par ailleurs le souci que vous pouvez rencontrer dans le cadre de jeux concours. Vous vous retrouvez avec des abonnés qui sont là par opportunisme et qui peuvent partir quand ils veulent. Cela n’offre pas une audience qualifiée, ce qui ne va intéresser aucune marque. En effet, les marques cherchent à toucher une cible très précise» confie l’expert.
Créez des partenariats avec les marques
Dans un premier temps, essayez de créer des partenariats avec les marques avec lesquelles vous travaillez, comme le conseille Matthieu Delagrange : «L’influenceur peut commencer sans contacter la marque en indiquant à votre audience que votre contenu n’est pas un partenariat rémunéré. Votre communauté voit ainsi que celui-ci est transparent. Ensuite, prévenez la marque de votre contenu, qui bénéficie d’une publicité gratuite dans un premier temps. Vous pouvez ensuite proposer à la marque de réaliser une sorte de book sur ses produits et lui proposer de le faire en collaboration. En tant qu’agence, nous sommes constamment en sourcing d’influenceurs sur des secteurs de niche. Nous regardons leur nombre de followers et l’engagement que leurs publications ont généré. Il faut également avoir en tête que plus de 50 % du budget communication des marques beauté sont consacrés à l’influence».