Comment gérer vos émotions ? (2)

Conférence présentée par Sywia de Bona, Formatrice, Coach Certifiée, Fondatrice d'Astuces Beauté, Centre de Bien-Être Holistique, lors du 51ème Congrès International Esthétique & Spa (Paris, mai 2022). 

Les injonctions

Les injonctions sont les messages contraignants. Il en existe cinq : sois parfait, fais plaisir, dépêche-toi, sois fort, fournis des efforts. Les injonctions sont des croyances/petites voix/des messages que vous avez reçus, qu’on vous a inculqués et des expériences que vous avez vécues durant votre enfance. Connaître ces croyances permet de les identifier afin de leur accorder moins de crédit. C’est-à-dire que quand vous connaissez le message qui vous empêche de passer à l’action, d’être qui vous voudriez, vous pouvez le changer. N’oubliez pas, vous ne pouvez changer ce dont vous n’avez pas conscience.

Fais plaisit à ta cliente !

Nous les esthéticiennes, nous nous disons souvent «Fais plaisir à ta cliente». Le fait de faire plaisir n’est pas une mauvaise chose, ce qui est négatif c’est quand vous voulez absolument faire plaisir, à vos dépens… Vous allez alors dire «oui» à tout (à la cliente qui veut venir absolument tel jour alors qu’il n’y a plus de place, vous la prenez sur la pause déjeuner, ou le soir tard, ou la cliente qui demande une remise, vous ne savez pas refuser, l’employée qui demande un samedi alors qu’il y a foule…), par peur de ne plus «faire plaisir» et de ce fait de ne plus être «aimée» «acceptée»…

Sois parfaite !

«Je dois être parfaite, si ce n’est pas parfait ça ne sert à rien, ce n’est pas assez parfait, je peux mieux faire, si ce n’est pas bien fait autant ne rien faire.» C’est encore une fois, en général pendant votre enfance que ce message s’installe. On vous dit : «Tu n’as eu que 18 ? Ce n’est pas assez, tu n’as pas asseztravaillé». La conséquence est que vous allez vous mettre toute seule la pression sur tout, et la mettre aussi aux autres ! Vous n’allez pas savoir déléguer, car vous pensez que cela ne sera pas aussi parfait que vous. Et cela va impacter votre organisation, votre évolution, votre fatigue… car vous vous croyez indispensable et irremplaçable.

Fais plaisir !

«Je dois être gentille pour être appréciée, il faut faire plaisir aux autres, c’est égoïste de penser à soi, si je refuse de lui donner son week-end elle va démissionner.» Vous vous sentez finalement contrainte à faire plaisir. Votre éducation y est encore pour quelque chose : «Fais plaisir à maman, encore une cuillère de soupe». On ne vous demande pas ce dont vous avez envie. On va vous dire de faire plaisir sans connaître votre réelle envie. Le fait de penser que vous êtes obligée de faire plaisir va faire que vous ne vous écoutez pas, que vous n’êtes pas en contact avec vos propres sensations, émotions, envies, mais uniquement celles des autres. En esthétique c’est pareil, le fait de vouloir toujours faire plaisir aux autres sans penser à vos besoins, envies va créer des frustrations, des sentiments d’insatisfactions.

Dépêche-toi !

Le «dépêche-toi» est quelque chose que l’on dit souvent aussi à ses enfants. «Il faut se dépêcher, je devrais déjà avoir fini, je ne peux pas attendre, je suis plus efficace dans l’urgence, je ne supporte pas les personnes lentes.» Les conséquences de ce message contraignant, c’est que vous ne vivez pas l’instant présent mais que vous vivez constamment dans l’anticipation «et si… et si…». Cela va générer du stress et de la peur, et va plus vous freiner que vous faire gagner du temps. Dans votre métier, cela peut avoir des conséquences sur la qualité de votre travail, à vouloir aller vite (plus de quantité que de qualité). Et si vous gérez une équipe, cela entraîne un gros manque de patience, avec par exemple une collaboratrice qui aurait besoin de plus de temps pour assimiler les choses.

Fais des efforts !

«Il faut gagner sa vie à la sueur de son front, la vie n’est jamais facile, on n’a rien sans rien, il faut fournir des efforts pour y arriver.» Il faut que cela soit difficile sinon cela ne sert à rien de faire quoique ce soit. Pourtant, cela est bien plus agréable lorsque c’est facile ! Le fait de penser qu’il faut qu’une tâche soit difficile, pour être fière du travail accompli va générer une insatisfaction permanente. C’est une exigence continue et insatiable, qui peut générer un manque de confiance en soi et un acharnement inapproprié et improductif au travail (perte de temps en rendant une tâche plus difficile qu’elle ne l’est en réalité).

Sois forte !

«Il faut se débrouiller toute seule dans la vie, exprimer ses émotions est une faiblesse, arrête de chipoter, un adulte ne pleure pas.» Croire que vous devez vous débrouiller seule, que vous n’avez besoin de personne implique que vous n’allez jamais déléguer. Penser que montrer vos émotions est une faiblesse signifie ne jamais exprimer vos émotions, ni écouter celles des autres. Ignorer vos propres émotions, c’est ne pas écouter les messages envoyés et de ce fait ignorer vos réels besoins : fatigue, surmenage, insatisfaction, frustration… À long terme, ce comportement peut emmener au burn-out.

Ces messages vous ont aidée dans votre vie. Parfois, cela vous a desservi. Il faut réussir à faire le point et vous demander ce qu’il faut que vous gardiez et ce qu’il faut que vous abandonniez.


Les associations d'émotions

Vous faites des associations avec toutes vos expériences de vie qui sont liées à vos émotions. Chaque expérience est classée et associée à une émotion et des VAKOGE (Visuel, Auditif, Kinesthésique, Olfactif, Gustatif et Émotionnel). Cela est lié à des émotions. Lorsque vous étiez enceinte, vous aviez l’impression de voir des femmes enceintes partout. En fait, c’est votre inconscient qui va aller vers ce qui vous intéresse réellement. Si vous voyez du négatif partout, votre inconscient ne va vous mener que vers du négatif. En revanche, si vous voyez du positif partout, et que vous vous dites que ce n’est pas grave, que ce n’est rien, votre inconscient vous guidera vers du positif. Cela fonctionne de la même façon avec des événements. Si vous avez associé la vente à quelque chose que vous n’aimez pas, il va falloir la dissocier en vous disant que vous avez eu peur et qu’il faut essayer autrement. Interrogez-vous pour savoir comment changer cette expérience : vous former, choisir une marque que vous adorez, etc. Vous ne ferez plus de vente mais du conseil et cela va tout changer.

Faire le point

Faites le point avec les mots qui vous font peur : d’où viennent ces pensées, ces peurs ? Est-ce que ces pensées sont réalistes ? Noter les conséquences quand vous pensez cela. Changez leur signification en plus réaliste, juste et positif pour vous. Par exemple, le mot «vente».

La pensée

Vous pensez : «J’ai une mauvaise expérience de la vente, je ressens une boule au ventre quand j’y pense, j’ai l’impression de faire du «forcing», j’ai peur que la cliente ne revienne plus, qu’elle ne m’apprécie plus, que je l’embête avec mes conseils, qu’elle n’ait pas le temps, qu’elle n’ait pas les moyens d’acheter…».

Les conséquences

- Quand je pense cela, que se passe-t-il ?

- Je ne propose pas de produits.

- Je me sens frustrée.

- J’ai des produits qui dorment sur les rayons.

- La cliente risque d’aller acheter ailleurs (et peut-être ne plus revenir).

La réalité

Voici ce qu’il est plus juste de penser :

- La cliente a profité d’un soin professionnel, elle est contente de ma prestation.

- Elle a aimé le résultat sur sa peau, elle aimerait que ça dure.

- Elle m’a demandé de traiter ses ridules, je sais bien que ce n’est pas en venant une fois qu’elle aura le résultat qu’elle recherche, ni si elle ne fait rien à la maison…

- Je ne lui «vends» pas des produits, le conseil fait partie de mon parcours client et du résultat recherché.

- La cliente est satisfaite et elle me fait confiance en tant que professionnelle.


Les croyantes limitantes

Une croyance, c’est une pensée que vous considérez comme la vérité. Il existe trois types de croyances :

- La neutre : elle n’aura aucun impact sur votre vie et dans vos choix : «Je pense qu’il faut porter une blouse blanche dans mon métier».

- La ressource : elle aura un impact positif sur votre vie et dans vos choix : «Je pense que je peux apprendre et me perfectionner pour être une bonne praticienne».

- La limitante : elle aura un impact négatif dans votre vie et dans vos choix : «Je pense qu’une esthéticienne ne gagne jamais bien sa vie».

Changez vos croyances

Il faut vous poser la question suivante : «Cette croyance vous appartient-elle ou est-ce quelque chose que l’on vous a dit ? Est-ce toujours cette vérité qui se produit ?». Il est question d’avoir l’esprit ouvert, d’essayer de nouvelles choses et tenter. Ce n’est pas parce que cela fonctionnait ainsi avant, que cela va toujours fonctionner.

Arrêtez de vous comparer

La comparaison, c’est humain et tout est comparable. En revanche, le jugement est limitant, notamment lorsqu’il s’agit de vous comparer aux autres. Dites-vous que la personne à qui vous vous comparez a ses schémas de vie, ses expériences. Peut-être a-t-elle eu ses échecs, ce qui fait qu’elle a essayé autrement et qu’elle a maintenant réussi. Aussi, dites-vous que vous ne voyez que l’avant-scène. Vous ne connaissez pas la personne. Vous ne voyez pas ce qu’il y a derrière, ce qui s’y passe. Le jugement est limitant car il vous empêche d’avancer, alors soyez vous-même !

Soyez vous-même !

Les gens ne viennent plus pour une marque, ils viennent pour vous, pour vivre des émotions. Prenons l’exemple de la marque Nike. Dans leur publicité, on n’entend pas parler de la marque, on nous parle d’émotion. On voit une femme courir, réussir, et c’est ça que vos clientes viennent chercher chez vous : l’émotion. Il est inutile de vous comparer, puisque vous ne ferez jamais comme les autres. Vous pouvez avoir les marques, proposer les mêmes prestations, cela ne sera jamais pareil. Vous avez votre main, votre expérience et vos mots. Revenez à votre «Pourquoi je fais ce que je fais ?» et rappelez-vous ce qui vous fait vibrer.