Le coup de gueule de la CNAIB !

Saviez-vous que la France est le seul pays d’Europe à être en retard quant à la réglementation des métiers de l’esthétique ?

«Le cadre réglementaire de notre profession fête ses 60 ans et se limite au décret de 1962 et c’est tout : la pince à épiler, le soin visage et la manucure ! Depuis, côté réglementaire zéro mouvement, nous n’avons pas bougé d’un iota» explique Martine Berenguel, coprésidente de la CNAIB. Des instituts se créent et ont l’autorisation d’exercer alors qu’ils sont tenus sans aucun respect de la réglementation avec des salariés non qualifiés, sans connaissance approfondie de la peau.

La CNAIB s’insurge et tire la sonnette d’alarme. Sa présidente pousse un «coup de gueule» pour mobiliser les pouvoirs publics en vue de mieux encadrer les pratiques et protéger les consommateurs. Elle réclame :

- la modification du périmètre de la profession qui évolue avec le temps. Les pratiques de l’épilation à la pince, le soin visage et la manucure ne définissent plus à elles seules le métier.

- que personne ne puisse pratiquer sans revendiquer un minimum de qualification, au moins pour des raisons de santé publique. Stop donc à l’enregistrement injuste par les Chambres de Métiers et de l’Artisanat ou l’URSSAF des non-diplômés dans le périmètre de la profession !

À cause d'un vieux décret

Depuis le Général de Gaulle, le monde a bien changé et l’esthétique aussi… Papier jauni par le temps, le décret “de la cire et la pince” semble bien désuet et rétrograde face à la richesse des soins et techniques aujourd’hui réalisés par les esthéticiennes françaises. Alors oui, on peut l’affirmer : le métier a bien évolué depuis Charles ! Soins amincissants, soins anti-âge, maquillages semi-permanents, remodelages, stylisme ongulaire, épilations, soins du visage ou du corps, beauté du regard, des mains et des pieds, les pratiques se sont heureusement étoffées afin de répondre à l’évolution des besoins beauté et bien-être de chacun, femmes et hommes. Si la profession s’est construite de manière proactive avec rigueur et exigence pour satisfaire les nouvelles attentes, le cadre est malheureusement resté sur le bord de la route institutionnelle. À quelques encablures de l’impasse réglementaire, les esthéticiennes françaises, dont le niveau d’études est le plus élevé d’Europe, se retrouvent contrairement à leurs voisines dans l’incapacité d’user de certains appareils de soins dermo-cosmétiques.

En sus d’affecter l’activité des esthéticiennes, ce mutisme réglementaire, fonctionnant uniquement par des arrêtés éparses, ouvre depuis trop longtemps des portes béantes aux pratiques amateurs effectuées sous le manteau. Un phénomène néfaste pour le métier et les clientes vivement accéléré par les réseaux sociaux et les influenceuses “beauté”. Sans les qualifications indispensables requises et le respect des conditions adéquates d’accueil en termes d’hygiène et de sécurité, le public, en passant par des amatrices auto-proclamées esthéticiennes, s’expose à de potentiels dommages physiques irréversibles aux répercussions psychologiques désastreuses.

Parce qu’on ne joue pas avec l’intégrité, la seule et vraie garantie de bons soins reste le niveau d’expertise des esthéticiennes.

Des qualifications obtenues après de longues années d’études et certifiées par des diplômes d’État (CAP Esthétique, Brevet Professionnel, BTS Cosmétique-Esthétique, BM Esthéticien Cosméticien), ainsi que par la formation continue sur les nouvelles techniques et technologies appliquées. Ainsi, l’esthétique est un métier, il ne s’improvise pas, et le titre d’esthéticienne se mérite ! La reconnaissance de l’expertise et de l’engagement quotidien des professionnelles du secteur doit dès lors être soutenue avec plus de force par les pouvoirs publics.

Les non professionnelles : un danger !

Aujourd’hui, c’est bien la corrélation de plusieurs phénomènes qui entretiennent un contexte propice au développement de la pratique des soins beauté et bien-être par des non-professionnelles naïves pour certaines, peu scrupuleuses pour d’autres. La CNAIB s’évertue donc à mettre en garde les clientes, tout comme celles qui seraient tentées par ce type d’activités, des risques encourus, qu’ils soient physiques pour les premières ou judiciaires pour les secondes. Encore marginal il y a dix ans, l’exercice d’actes esthétiques par des amatrices est désormais devenu une réalité bien plus profonde. Accélérée par le confinement, faute d’accessibilité du public aux instituts, cette tendance a explosé ces dernières années avec l’avènement des réseaux sociaux, les influenceuses et le far west des pseudos formations.

Au-delà de fournir une vitrine au business des pratiquantes non qualifiées, les canaux numériques ont aussi ouvert la voie à la promotion débridée par des influenceuses de produits et d’équipements cosmétiques non certifiés par les institutions françaises et européennes. Plus grave encore, parce qu’infiniment plus sournois, la multiplication des offres douteuses de formation attirent et drainent de nombreuses candidates en leur promettant, entre autres, une entrée rapide dans la profession. En effet, séduites par l’appât du gain, nombreuses sont les “les formatrices” à s’être insérées sur le champ de la cosmétique et de l’esthétique. Hélas, la quête de sens engendré par la période de la Covid, a clairement augmenté l’attrait pour la profession et beaucoup se sont laissées tenter. Auréolés de faux titres, ces amatrices jouent dès lors avec l’intégrité de leurs clientes, portant ainsi atteinte à la réputation de la profession dans son ensemble.

Quand le mal est fait

Non respect des typologies de peau, gestes non adaptés, produits et équipements non conformes, de la dermo-pigmentation à la dépilation des sourcils en passant par le stylisme ongulaire, les actes mal pratiqués par les amatrices touchent toutes les disciplines. Les témoignages se succèdent et s’empilent chez les esthéticiennes accueillant des clientes en détresse suite à des interventions ratées réalisées par des personnes non qualifiées et dans des conditions d’hygiène loin des standards requis, voire déplorables. Parfois démunies face à la gravité des dommages physiques et surtout à l’impact psychologique des victimes, les esthéticiennes sont effarées de voir leur nombre croître au fil des années.

Au-delà de la protection de la profession, c’est bien une question de santé publique/de protection des usagers qui se pose. Si pour certaines, les séquelles s’estomperont avec le temps grâce à une reprise en main par une esthéticienne qualifiée, d’autres sont et seront marquées gravement et/ou à vie, nécessitant alors des interventions médicales. En touchant à l’intégrité de leur corps, de leur visage, les victimes sont particulièrement impactées en termes de bien-être mental requérant naturellement un suivi psychologique. Pire, si elles souhaitent obtenir réparation, elles ne pourront compter sur leur bourreau agissant logiquement sans assurance professionnelle et devront alors s’engager dans des procédures judiciaires longues et coûteuses. Dans la pratique, les risques physiques encourus par les clientes faisant appel à des personnes non qualifiées dépendent de l’acte accompli. Ainsi, dans le cas le plus commun d’une épilation définitive, les séquelles peuvent aller de brûlures légères à graves. La dépilation définitive, si elle n’est pas exécutée par une professionnelle qualifiée, est susceptible de produire des effets indésirables tels que des réactions cutanés, des plaies infectées, etc.

De son côté, la cryolipolyse non maîtrisée, outre le risque d’inflammation importante et de douleurs, peut également générer de l’hyper ou de l’hypopigmentation, soit un changement de couleurs de la peau, de l’acné ou des croûtes. En raison des nombreuses possibilités offertes en matière de soins esthétiques et cosmétiques, il est indispensable de faire le bon choix, celui d’un accompagnement par une esthéticienne qualifiée et ne pas hésiter par se faire conseiller par ces dernières en amont. Les connaissances de ces professionnelles en techniques esthétiques, en environnement esthétique, en physique-chimie, en cosmétologie et en biologie, offrent assurément les gages d’une approche personnalisée et optimale pour le bien-être du corps de chacun.

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Afin d’aider le grand public à y voir plus clair et pour identifier les professionnelles qualifiées de leur secteur géographique, la CNAIB a mis en place sur son site (https://www.cnaib.fr/nos-implantations/) une cartographie permettant de trouver en quelques clics une esthéticiennes en métropole et dans les DOM-ROM.