Le marché des cosmétiques face à la Covid-19

L'épidémie que subit la planète entière a accéléré les transformations que connaissaient déjà l’industrie et le marché des cosmétiques.

Un secteur touché, mais moins que toute l'économie 

Si les ventes de cosmétiques ont souffert du fait des conséquences du télétravail ou du port du masque, celles des produits d’hygiène et de soin ont augmenté de 50 %.

Si l’Europe affiche des résultats à la baisse, l’Asie, notamment la Chine, a vu sa demande progresser.

Chiffres d’affaires et exportations des entreprises françaises ont fléchi, notamment pour les PME, mais moins que ceux des autres filières ou de l’économie en général.

Les habitudes de consommation ont évolué.

Les achats se sont dirigés vers des produits de maquillage adaptés au port du masque (mascara, rouge à lèvres longue tenue, fard à paupières, etc.) et des produits de soin traduisant la volonté de faire mieux attention à soi.

Le confinement a vu les femmes consacrer moins de temps à leur maquillage, tandis que les visio-conférences incitaient les hommes à veiller sur leur apparence.

Les instituts de beauté ont souffert, mais les pharmacies et grandes surfaces ont tiré leur épingle du jeu. Le travel retail a dépéri tandis que la vente en ligne prospérait.

Les produits qui passaient comme des comètes ont vu leur attractivité diminuer, tandis que les marques établies sont redevenues des repères.

Sa capacité d'adaptation 

Cette capacité d’adaptation n’est pas étonnante.

Protégé par les dimensions quasi civilisationnelles, culturelles, éternelles des cosmétiques, des soins, du maquillage, au-delà de cette pandémie, d’autres crises, par le passé, ont montré à quel point notre secteur pouvait être résistant et résilient.

Cela prendra certainement du temps (faudra-t-il attendre 2022 ou 2023 ?), mais nous savons que les grands groupes, comme les TPE et PME, sauront s’adapter et innover.

Cela passera naturellement par de l’entraide, entre les acteurs de la filière (certains géants ont ainsi devancé leurs commandes de fin d’année à leurs fournisseurs…) et par un soutien des pouvoirs publics français.

Ceux-ci ne sont manifestement pas assez conscients que la cosmétique française, avec une production supérieure à 40 milliards d’euros, second exportateur de la France derrière l’aéronautique, bien que le leader mondial, a besoin de leurs aides pour assurer la pérennité financière de ses PME, augmenter le nombre de ses projets de recherche collaboratif ou se développer à l’international.

Sa capacité d'évolution 

Sans doute faudrait-il que chacun conserve à l’esprit que la force du secteur et sa capacité d’évolution se sont formidablement exprimées pendant le confinement lorsque tous ceux qui le pouvaient ont converti leurs lignes de production pour fournir en gel hydro-alcoolique les professionnels de santé et aussi le grand public.

C’est pourquoi, il nous est apparu juste que le pôle de compétitivité Cosmetic Valley, chargé par l’État d’animer notre filière à l’échelle nationale, ait organisé cette «semaine de la relance», en invitant tous les acteurs de notre industrie, mais aussi les responsables gouvernementaux, scientifiques, environnementaux, européens dont elle dépend, ainsi que la sixième édition entièrement digitale, du Salon e-Cosmetic 360° les 12 et 13 octobre, la remise des Cosmetic Victories et les États Généraux de la Cosmétique le 15 octobre.

À travers ces trois événements qui ont réuni l’ensemble des acteurs industriels et économiques qui participent à notre activité, le pôle de compétitivité Cosmetic Valley a essayé de trouver de véritables solutions pour favoriser le rebond d’un secteur qui est une vitrine française à l’étranger et qui emploie près de 250 000 personnes en France.

Sa capacité d'innovation 

L’innovation sera la pierre angulaire de cette reprise.

Depuis longtemps, nous pensons que l’innovation est le talisman de la cosmétique. La R & D est essentielle à notre travail. Nos équipes sont composées de nombreux scientifiques. La volonté de découvrir est au coeur même de leur travail.

En moyenne, les effectifs des entreprises de notre secteur, investis dans cette mission, sont 3 à 4 fois supérieurs à ceux de la moyenne des entreprises françaises.

Si cette innovation peut être technologique, ce n’en est qu’une infime partie. Elle porte aussi et avant tout sur les ingrédients, les packagings, les matières premières, les services, etc.

Nous l’avons vu au cours des derniers mois. Clients, commerçants et producteurs se sont très vite adaptés dans les magasins et sur Internet à un nombre de plus en plus grand d’applications et d’appareils connectés. Tester virtuellement des cosmétiques, essayer numériquement des maquillages sont devenus une habitude.

Notre volonté d’innovation s’est également traduite par l’essor de la naturalité, le désir de participer à la protection de la biodiversité, le retour des circuits courts, dans la green beauty, la tech beauty, le safety & healthy.

Ce point est aujourd’hui central dans le développement de nouveaux produits et services. C’est une demande forte de nos clients. Ils souhaitent, en ces temps troublés, des produits plus sains, plus respecteux de la planète, etc.

Du côté des fabricants, cet enjeu est tout aussi important et, depuis longtemps, la Cosmetic Valley a la profonde conviction que notre meilleur atout est, et sera, le Made in France et ses quatre piliers (authenticité des produits, sécurité des consommateurs, protection de l’environnement, performance de l’innovation).

L'explosion du e-commerce

Si la performance du e-commerce peut être variable d’un groupe ou d’une marque à une autre, il y a une certitude : il s’est considérablement accéléré avec des chiffres de croissance allant de + 40 % à, parfois, + 100 %.

De tels chiffres interpellent. Ils signifient deux choses : que nous partons de loin -il faut le reconnaître- mais aussi qu’il y a une véritable opportunité à saisir et une urgence à accélérer cette transformation digitale afin de permettre aux clients de se sentir aussi bien sur un site Internet que dans une boutique.

En revanche, il faut être conscient que cette explosion du e-commerce ne permettra pas de compenser les pertes subies ailleurs dans l’immédiat. C’est la raison pour laquelle, il ne faut pas penser seulement digital ou seulement physique, mais omnicanal.

Aujourd’hui, nous devons être capables de proposer une offre et une expérience similaires à nos clients, qu’ils se trouvent en boutiques, sur leur ordinateur, sur leur smartphone ou n’importe où ailleurs !

Avec le soutien de l’emploi industriel -de l’emploi durable et qualifié dans nos sites de production français- la transformation numérique déjà bien enclenchée doit être un axe fort pour sortir de cette crise par le haut.

Conclusion 

Tenir compte de la planète et de l’Internet, suivre les aspirations des consommateurs vers plus de naturalité, plus de digitalisation, plus de personnalisation, être un acteur économique socialement responsable et industriellement performant, ce sont les défis qu’il nous faut relever. Nous en étions déjà convaincus. L’épidémie renforce ce sentiment.

C’est cela qui nous pousse à faire le pari de cette «innovation en pleine conscience».