Bienvenue dans l'ère de la «e-beauty».

Les écrans en vitrine

Les nouveautés peuvent se rencontrer dès l’extérieur des boutiques avec des vitrines connectées. En effet, les habituelles affiches placardées dans les vitrines sont peu à peu remplacées par des écrans. Ces écrans peuvent diffuser des messages en boucle mais peuvent plus pertinemment interagir avec les passants. En étant reliés à des caméras ou des capteurs de mouvements, ils diffusent alors des images suscitant l’intérêt.

Ils peuvent également, après avoir reconnu les caractéristiques de la personne (sexe, tranche d’âge) diffuser des publicités ciblées et projeter des flashcodes permettant à la cliente de commander directement les produits grâce à son téléphone portable (sans être entrée dans la boutique !).

L’hôtesse virtuelle

À l’intérieur des boutiques, les clientes peuvent être accueillies par une hôtesse virtuelle. C’est ce que propose déjà un point de vente à Manhattan de la marque Covergirl. En effet, à l’entrée du magasin se trouve «Olivia», un hologramme qui vous souhaite la bienvenue et tente de vous diriger. Pour l’instant, il s’agit plus d’un gadget que d’une véritable aide, mais on peut très bien envisager que cela s’améliore et se généralise. 

Il existe déjà Pepper, le robot japonais humanoïde d’accueil et de présentation, utilisé par plusieurs grandes enseignes de distribution, qui pourrait être paramétré pour une parfumerie par exemple.

Une machine pour choisir ses soins

Vient ensuite le moment du conseil beauté, où, là encore, l’esthéticienne pourrait être supplantée par des outils numériques. Par exemple, les miroirs intelligents se multiplient. 

Il s’agit par exemple d’«Artémis» de CareOS ou d’«HiMirror» vendus actuellement essentiellement pour un usage domestique. Munis d’une caméra et de la reconnaissance faciale, ces appareils scrutent la peau de la cliente et ses défauts. 

En contrepartie, ils proposent des conseils et des soins adaptés. À l’avenir, ils pourront même mesurer le contenu des produits cosmétiques de la cliente et passer commande à sa place.

Le diagnostic de peau

De nombreuses applications portables permettent également de réaliser des diagnostics de peau et de proposer ainsi des soins personnalisés. Pour cela, différentes approches existent.

Le questionnaire en ligne
Il peut s’agir de répondre à un questionnaire en ligne basé sur l’emploi d’un algorithme. Par exemple, la marque Il Makiage a créé «Power match», un questionnaire servant à proposer le meilleur fond de teint. Ou encore la marque Proven qui prescrit un programme de soin personnalisé après avoir répondu à de nombreuses questions.

Le diagnostic via le smartphone
Plusieurs marques ont développé des outils utilisant la caméra du smartphone pour scruter le visage de la cliente.

Le plus avancé semble être le «SkinConsult» de Vichy (mis au point par l’entreprise Modiface rachetée par le groupe L’Oréal). En utilisant les techniques d’intelligence artificielle, à partir d’une photographie, l’application réalise un diagnostic de peau lié à l’âge (en étudiant sept critères) et propose les produits les mieux adaptés. Ce travail est réalisé grâce à une comparaison avec 10 000 photos.

Dans le même ordre d’idée, La Roche-Posay propose l’application «Effaclar Spotscan» dédiée aux peaux acnéiques.

Ou encore, Neutrogena a créé le premier scanner de peau gérable grâce à un smartphone, nommé «Skin 360». Il s’agit d’un petit boîtier muni d’une lentille grossissant 30 fois à placer sur l’objectif du téléphone. Il permet de photographier la surface de la peau, de l’analyser et de proposer lui aussi les produits les plus adaptés.

Les appareils de diagnostic
Ces dernières années, les appareils de diagnostic se sont multipliés dans les magasins de cosmétiques. Il s’agit de la borne numérique de la marque Ioma ou encore du «My Skin Diag» de la marque My Blend. Ces appareils, munis de larges écrans et de capteurs, permettent de scanner la peau et de prescrire des programmes de soins sur-mesure.

Le miroir intelligent délivre la bonne teinte de rouge à lèvres

Les petits objets connectés
Il existe également des petits objets de mesure connectés qui permettent de personnaliser les soins. Tel que «My Skin Track UV» (ou UV sense) de La Roche-Posay qui est un capteur solaire portable sans batterie (ressemblant à une petite broche). Il est connecté au téléphone et permet d’informer le porteur de l’objet de son degré d’exposition aux rayons UV mais également à la pollution, à l’humidité et aux pollens.

Dans la lignée de ce produit, la marque a développé un capteur microfluidique portable mesurant le pH de la peau, nommé «My Skin Track».

La marque Ieva a également conçu un bijou connecté nommé «Twin C» qui mesure en temps réel la pollution, la luminosité, le bruit, la température, l’humidité, la quantité d’UVA et UVB, ainsi que l’activité. Grâce à ces données et grâce à une application mobile, un rituel beauté personnalisé est proposé.

Les applications
Autres que tous ces éléments aidant au diagnostic, les ventes de produits cosmétiques peuvent également être boostées par des outils de conseil ou d’aide à la vente. Il s’agit là-encore de différentes applications pour smartphone mais qui pourraient être intégrées à des bornes utilisables dans les points de vente.

Le «Live Scan» permettra, par exemple, de prendre une photographie d’une personne (réelle ou sur un magazine ou sur Internet) et de transférer son maquillage sur sa propre photo. Et au final, l’application proposera les produits nécessaires pour réaliser ce maquillage. Dans le même esprit, l’application «Color match» permet de trouver le bon maquillage par rapport à l’image d’un objet en couleur. Cela permet de bien coordonner par exemple la couleur des vêtements avec la teinte de son fard à paupières ou de son rouge à lèvres.

Des logiciels permettent de faire des essais virtuels de maquillage (en transposant des effets de matières et de couleur sur l’image d’un visage ou d’un ongle). Il s’agit par exemple de l’outil «Youcam» de Perfect Corp ou de «Make Up Live» de Wisimage.

Les casques de réalité virtuelle

Et pour offrir une expérience cliente unique, certaines marques utilisent même des casques de réalité virtuelle pour faire visiter leurs sites de fabrication, participer à leurs défilés de mode ou voyager à travers leurs champs de production de plantes (comme «L’Occitane» qui propose à ses clients américains de survoler les paysages du sud de la France).

Les ventes de produits cosmétiques sont boostées par des outils de conseil

La nouvelle distribution des produits

Le numérique peut également modifier les modes de distribution des produits cosmétiques. Ainsi, quelques distributeurs automatiques intelligents commencent à apparaitre dans les boutiques. Par exemple, le distributeur automatique de rouges à lèvres Giorgio Armani qui délivre la bonne teinte grâce à l’emploi d’un miroir intelligent.

D’autres bornes de distribution permettent de personnaliser l’emballage des produits en y apposant sa propre image.

Plusieurs marques utilisent également ce principe de bornes pour fabriquer des produits cosmétiques personnalisés directement sur les lieux de vente. Cette production est couplée avec des méthodes digitales de diagnostics. Ainsi, nous pouvons citer le concept du «Teint Particulier» de Lancôme qui fabrique des fonds de teint sur mesure ou la mini-usine de formulation associée à la station de diagnostic Ioma.

La marque Romy propose également un formulateur, nommé «Figure», destiné à un usage domestique, qui est lui aussi couplé avec une application pour smartphone (à l’aide de dix capsules différentes, il permet de concevoir des produits adaptés aux situations de vie de son utilisatrice).

La fin des étiquettes

Encore plus novateur, Lush Cosmetics a développé un concept de boutique où toutes les étiquettes sont bannies. Les informations habituellement portées sur les emballages des produits ne sont accessibles que sur leur application. Les clientes doivent la télécharger puis scanner les produits pour avoir accès à la composition, aux spécificités et aux conseils beauté associés.

Le détournement des réseaux sociaux

Couramment, les marques de produits de beauté et les distributeurs utilisent abondamment les réseaux sociaux pour faire la publicité de leurs créations. Pour cela, elles achètent des espaces publicitaires, rédigent des articles vantant les mérites de leurs produits et de plus en plus approvisionnent ou sponsorisent des influenceuses.

Mais les grands groupes utilisent aussi les réseaux sociaux d’une manière indirecte. En effet, grâce à l’intelligence artificielle, ils étudient les nombreuses publications et images postées afin d’en dégager des grandes tendances pour que leurs produits collent au mieux aux attentes des clientes.

Le diagnostic de peau via le smartphone c’est désormais possible

Les DATA

De plus, certaines applications marchandes utilisent les données personnelles des éventuelles clientes (les «personal DATA») pour leur soumettre des produits de beauté en lien avec leur mode de vie. Pour cela, elles couplent les moyens de géolocalisation avec des données météorologiques ou de pollution afin de leur proposer une crème de soin adaptées à la vie en ville par exemple.

Le décryptage des listes INCI

Depuis un moment déjà, nous notons que quelques solutions digitales indépendantes permettent d’informer les clientes sur les produits qu’elles utilisent. Il s’agit des applications mobiles qui, en scannant les codes-barres présents sur les emballages, permettent aux utilisateurs de décortiquer la composition des produits. 

Dans un esprit de prévention des risques de santé, cela leur permet d’être avertis sur la plus ou moins grande neutralité des produits testés. 

Ces applications se nomment «Quelcosmetic» ou encore «Yuka».

Les formations online

Les évolutions numériques touchent également le monde de la formation. Ainsi, il existe actuellement de nombreuses façons de se former. Le passage sur les bancs d’une école traditionnelle n’est plus obligatoire pour apprendre les métiers de l’esthétique ou acquérir de nouvelles compétences. Il existe ainsi plusieurs écoles en ligne qui forment aux différents diplômes. Elles utilisent différents outils : des vidéos, des exercices interactifs, des séances de live…

Pour se spécialiser, vous pouvez vous tourner vers les MOOCs (pour «Massive open online course» ou autrement dit en français «Formation en ligne ouverte à tous»). Ces espaces offrent des ressources pédagogiques pour se former à distance tout seul. Les cursus, relativement cours, se terminent très souvent par une évaluation et l’obtention d’un titre ou diplôme. Ils sont nombreux dans le domaine des ressources humaines, de la gestion, du commerce. Par contre, il n’en existe pour l’instant pas, ou très peu, concernant spécifiquement l’esthétique. Mais leur développement est rapide.

Une dernière aide du digital à la formation est la réalité virtuelle. Elle crée un espace virtuel avec lequel il est possible d’interagir. Par exemple, en coiffure, l’application «Hairteach» d’AGT Digital permet de réaliser des coupes virtuelles de cheveux. Un dérivé pour l’esthétique pourrait être imaginé.

Conclusion

Suite à la présentation de toutes ces innovations, nous nous rendons compte que les métiers de l’esthétique se modernisent très rapidement, faisant une place grandissante aux outils numériques. Cependant, la plupart des entreprises qui développent ces projets sont convaincues que ces solutions numériques resteront des aides aux esthéticiennes. Autrement dit, rassurons-nous, nous ne sommes pas près de voir des boutiques vides de conseillères ou des instituts remplis de robots.