La peau face aux grandes émotions de la vie
Elle rosit de joie, pâlit de peur, rougit devant un compliment ou dans une situation de stress…. La peau est un véritable livre ouvert sur les émotions ! Une réactivité qui s’explique par la nature même de cet organe sensoriel qu’une majorité de scientifiques n’hésitent pas à considérer comme le plus important chez l’Être humain. «La peau et le système nerveux central ont une origine embryonnaire commune, rappelle le Dr Laure Netcsik, dermatologue. C’est la raison pour laquelle le cerveau et la peau sont intimement liés et possèdent de grandes similitudes de fonctionnement.» L’un comme l’autre produisent des endorphines, des neurotransmetteurs et des neurohormones qui leur permettent de dialoguer dans une recherche permanente d’équilibre. Si le cerveau envoie de nombreux messages à la peau, celle-ci n’est pas en reste en lui adressant de nombreuses informations en direct du monde extérieur !
LES RÉPERCUSSIONS SUR LA PEAU DU MENTAL
Les grands chocs psychologiques ont donc fatalement une répercussion sur l’état de la peau. Un deuil, une séparation, la perte d’un emploi, la découverte d’une maladie sont autant d’événements qui marquent à la fois le psychisme et la peau. L’épiderme et le derme y sont particulièrement sensibles car c’est à ce niveau que se situent les cellules responsables de l’immunité et de la production de neuromédiateurs. On peut alors voir apparaître des rougeurs, un état de sécheresse, des taches mais aussi des rides et une perte de fermeté.
La peau et le cerveau possèdent de grandes similitudes de fonctionnement
L’ACTION BÉNÉFIQUE DES SOINS ESTHÉTIQUES
Bonne nouvelle, cela n’a rien d’irréversible. «La peau est parfaitement équipée pour agir de manière autonome et répondre positivement à l’apport d’actifs comme aux différents stimuli mécaniques tels que le massage» conclut le Dr Netcsik. Mais les études menées en psycho-dermatologie, une spécialité de la dermatologie, montrent que cette action bénéfique des soins esthétiques va au-delà de l’épiderme. Elle influence aussi l’état général d’une personne en contribuant à réduire l’anxiété ou la tristesse grâce à la production d’endorphines, ces fameuses hormones du bien-être. En clair, une stratégie de soin bien adaptée est capable d’enclencher un cercle vertueux «bien-être physique, bien-être psychologique.»
DES MANIFESTATIONS TRÈS DIFFÉRENTES
Toutefois, pour une prise en charge optimale en institut de clientes confrontées à un épisode difficile de leur vie, il ne suffit pas de leur proposer les soins les plus performants. Il faut commencer par dresser un état des lieux précis. «Les manifestations sur la peau de ces stress majeurs sont très différentes, en fonction de l’âge mais également du degré de sensibilité de chaque individu, précise le Dr Netcsik. Il peut s’agir de simples déséquilibres gênants sur le plan esthétique (tiraillements, rougeurs, petits boutons) mais bénins sur le plan médical. Mais parfois, on voit apparaître de véritables pathologies cutanées comme le psoriasis, l’eczéma, la dermatite atopique qui exigent une prise en charge à la fois sur le plan physique et psychologique. C’est la raison pour laquelle au moindre doute, il faut conseiller de consulter.» Lorsque le risque d’une pathologie est écarté, l’institut offre des solutions particulièrement efficaces pour agir sur les trois conséquences du stress émotionnel : le stress oxydatif, l’hypersensibilité et le déséquilibre du microbiote.
METTRE FIN AU PHÉNOMÈNE INFLAMMATOIRE
Lorsque la peau est bousculée par un stress majeur, il se produit un phénomène désormais bien connu : l’oxydation cellulaire liée à une production incontrôlée de radicaux libres. «Lorsqu’il est trop important ou mal maîtrisé, le stress produit du cortisol, une hormone qui enclenche un processus inflammatoire au niveau des cellules» rappelle le Dr Netscik. On observe alors une oxydation accélérée des lipides qui forment le film protecteur de l’épiderme. Ce stress oxydatif s’attaque également aux fibres de collagène et à l’élastine présentes dans le derme. En réponse à cet emballement inflammatoire, la peau n’est pas sans défense mais ses ressources réparatrices s’épuisent rapidement, d’où l’importance de lui venir en aide avec des soins cosmétiques spécifiques.
Priorité aux soins apaisants et équilibrants
Dans un premier temps, inutile de stimuler la peau de votre cliente déjà surmenée avec des formules surpuissantes qu’elle n’aura pas la capacité d’utiliser. En début de cure, mieux vaut privilégier les textures réconfortantes et les actifs apaisants qui respectent le film hydrolipidique, calment les irritations, les rougeurs et régulent l’activité des glandes sébacées. Évitez donc les nettoyages et les gommages trop vigoureux qui risquent de fragiliser la couche cornée et optez pour des démaquillants en lait ou en crème, des textures huileuses qui nettoient tout en douceur. Ce n’est qu’ensuite et seulement si la peau de votre cliente réagit positivement que vous pourrez passer à la phase de régénération.
Vos alliés
Vos meilleurs alliés pour contrecarrer la prolifération de radicaux libres sont la vitamine C, les polyphénols et les coenzymes Q10 à appliquer sous forme de sérum et de masque en patch afin d’offrir à l’épiderme un véritable bain de fraîcheur et d’hydratation. En revanche, si malgré les précautions prises pour ne pas accentuer sa réactivité, la peau présente encore des signes d’inconfort, mieux vaut choisir des soins certes moins performants pour revitaliser en profondeur mais qui vont surtout s’attacher à réconforter et à réparer en surface grâce à leurs agents hydratants et apaisants. Ce n’est qu’une fois que vous aurez restauré cet équilibre externe que vous pourrez passer à la vitesse supérieure.
APAISER LE SYSTÈME NERVEUX CUTANÉ
Auparavant, les scientifiques pensaient que le fonctionnement des cellules de la peau était entièrement soumis aux effets de la circulation sanguine et aux messages envoyés par le cerveau via le système nerveux. Récemment, ils ont découvert qu’il était bien plus autonome que ce qu’ils imaginaient grâce à la présence du système Neuro-Immuno-Cutané (NIC). Les fibres nerveuses en contact avec les cellules cutanées produisent en effet des neuromédiateurs et des neurohormones, tout comme les cellules dermiques, épidermiques et les cellules immunitaires présentes à ce niveau. Cela permet au réseau NIC de piloter directement les fonctions barrières et réparatrices de la peau.
Les techniques manuelles en première ligne
À la lumière de cette découverte, les techniques manuelles prennent une place privilégiée dans le soin des peaux soumises à de grands bouleversements émotionnels. Un modelage prolongé et bien rythmé ne procure pas seulement une agréable parenthèse de bien-être qui détend le corps et l’esprit, il envoie également un message jusqu’aux couches les plus profondes de la peau et, en retour, celle-ci peut y répondre en lançant une vaste opération de réparation qui vise à améliorer rapidement sa fonction barrière mais également à stimuler l’activité des fibroblastes productrices de collagène et d’élastine.
Partie centrale du soin, le modelage sera encore plus performant s’il s’accompagne de touches olfactives et sensorielles avec une huile tiède et légèrement parfumée pour relaxer un épiderme réactif ou additionnée d’huiles essentielles plus stimulantes lorsque la peau manque de tonicité. En complément, n’hésitez pas à masser longuement la paume des mains et la plante des pieds. Ces deux zones extrêmement riches en terminaisons nerveuses sont particulièrement réceptives au toucher et amplifient les sensations de détente et de sérénité.
RESTAURER LE MICROBIOTE CUTANÉ
Des milliers de bactéries, virus et champignons, forment un écosystème qui vit dans et à la surface de la peau. Ces micro-organismes invisibles à l’œil nu participent activement à sa bonne santé en la protégeant des attaques des agents pathogènes venus de l’extérieur. Chaque personne possède son propre microbiote car celui-ci se constitue en fonction du patrimoine génétique mais également de la profession, des habitudes alimentaires et vestimentaires d’un individu.
L’importance de préserver son microbiote
«Depuis quelques années, les dermatologues alertent leurs patients sur le rôle essentiel du microbiote cutané et sur l’importance de le préserver» souligne le Dr Netcsik. Trop de bains, trop de douches et un usage trop fréquent de produits décapants mènent la vie dure à la flore cutanée, raison pour laquelle on voit de plus en plus de peaux fragilisées et ultra-sensibles. Mais ces causes externes ne sont pas l’unique raison de son déséquilibre. Comme le microbiote intestinal, le microbiote cutané est très sensible aux effets du stress et aux signaux négatifs envoyés par le cerveau.
L’apport de probiotiques en cure interne et en soins externes ofFrira à vos clientes une belle peau
On a en outre mis en évidence une relation directe entre le microbiote intestinal et celui de la peau. Lorsque l’un est chamboulé, l’autre est forcément affaibli avec, à la clé, la possibilité de voir des micro-organismes pathogènes profiter de cet affaiblissement pour s’infiltrer dans l’épiderme.
La solution : prébiotiques et probiotiques
La solution pour reconstituer le microbiote protecteur tient en deux mots : les prébiotiques et les probiotiques. Employés depuis déjà de nombreuses années au niveau intestinal pour renforcer la flore locale, ils sont tout aussi efficaces dans les cosmétiques pour fortifier l’écosystème cutané et, désormais, de nombreux laboratoires les intègrent dans leurs formules.
Les prébiotiques jouent le rôle d’engrais pour le microbiote. Ils nourrissent et fortifient les bonnes bactéries présentes dans la peau pour leur permettre de se développer et de retrouver toute leur efficacité protectrice. Ils sont présents notamment dans les polyphénols et les acides gras polyinsaturés, d’où l’intérêt de recourir à des huiles naturelles de qualité au moment du modelage.
Les probiotiques, en revanche, sont des micro-organismes vivants qui viennent repeupler un microbiote affaibli et repousser les éventuels éléments pathogènes. Ce sont les lactobacillus, les bifidobactéries, les lactocoques et les streptocoques qui réduisent les phénomènes inflammatoires et la sensibilité cutanée. Vous pouvez les intégrer dans les soins en cabine grâce à des gammes qui proposent des démaquillants, des lotions et des masques. Mais il est également essentiel de les intégrer dans votre ordonnance beauté et également sous forme de compléments alimentaires si vous pratiquez la beauté intégrative. C’est l’apport de probiotiques dans la durée, sous forme de cures internes et de soins externes, qui permettra à vos clientes de renouer avec une peau éclatante de santé.