L’eczéma ce que vous devez savoir
Trois types d'eczéma
L’eczéma atopique
L’eczéma atopique (ou dermatite atopique) est une maladie chronique de la peau très fréquente, causée par une anomalie génétique de la barrière cutanée. Cette anomalie est responsable de la sécheresse excessive de la peau et de sa perméabilité à toutes les agressions extérieures (allergènes présents dans l’environnement -pollens, poussières, acariens-, allergènes alimentaires...). Elle correspond, en particulier, au fait de posséder et de produire de manière trop importante des anti-corps spécifiques, appelés immunoglobulines E (IgE).
Il s’agit d’une maladie qui évolue par poussées. Elle se manifeste par une peau sèche, poreuse, et lors des poussées, par des plaques rouges (sèches ou suintantes avec des vésicules, des croûtes), ou des oedèmes, accompagnés de fortes démangeaisons... qui, à leur tour, génèrent des lésions. L’eczéma a un impact négatif sur la qualité de vie des patients, quel que soit leur âge, au niveau de la mobilité, de l’autonomie et des activités courantes. Elle génère des douleurs et de l’anxiété (parfois de la dépression).
Les deux grandes causes de l’eczéma atopique sont : le terrain atopique familial et certains facteurs de l’environnement qui favorisent les poussées, comme le contact avec les irritants (savons, détergents, tissus rêches...), certains aliments, la chaleur et la sueur.
L’eczéma des mains
L’eczéma chronique des mains (ou dermite des mains) est une pathologie qui peut rester isolée ou bien apparaître dans un contexte d’eczéma plus généralisé. Comme toutes les dermatoses inflammatoires chroniques, ce type d’eczéma survient par successions de poussées (où la peau est rouge et gratte) et d’accalmies (où la peau présente un aspect sec).
L’eczéma chronique des mains concerne principalement les adultes (avec une majorité de femmes) car il est souvent provoqué et/ou aggravé par des produits ménagers ou professionnels, mais aussi le froid et l’excès de chaleur. Un autre cas concerne des dermatites atopiques apparues dans l’enfance et persistantes sous forme d’eczéma chronique des mains.
L’eczéma des mains est particulièrement handicapant au quotidien, notamment dans le contexte socioprofessionnel, amical ou amoureux. Il accompagne souvent de prurits (démangeaisons) et/ou de douleurs, qui altèrent profondément la qualité de vie des patients : insomnie, dépression, phobie sociale, incapacité et/ou arrêt de travail sont fréquents. Une prise en charge adaptée permet au patient de retrouver des mains «saines» ou «blanchies» et d’améliorer sa qualité de vie.
L’eczéma allergique de contact
Les objets du quotidien, bijoux fantaisies, ceintures, téléphones portables, clés, vêtements, chaussures, cosmétiques, déodorants, savons, shampooings, teintures, peintures, colles, métaux... regorgent de nickel, chrome, formaldéhyde, cobalt et autres composants qui sont autant d’allergènes de contacts potentiels.
Au contact de la peau, ces produits déclenchent une réaction allergique, souvent localisée autour de la zone de contact, qui entraîne une poussée d’eczéma locale ou généralisée.
L’eczéma en chiffres
• L’eczéma dans le monde : le nombre de patients atteints a triplé en 30 ans dans les pays industrialisés.
• L’eczéma en France : 2,5 millions de personnes touchées soit près de 5 % de la population.
Dont :
- 15 % : bébés de moins d’un an,
- 20 % : enfants de moins de 7 ans,
- 18 % : enfants de 7 à 16 ans.
• Plus d’un patient sur 2 (55 %) a un sommeil perturbé plus de 5 nuits par semaine.
• 100 000 Français souffrent d’un eczéma sévère.
• 5,92 % femmes, 3,32 % hommes. L’eczéma concerne plus fréquemment les femmes que les hommes.
• 30 % des consultations dermatologiques sont liées à l’eczéma.
Les nouveaux traitements
Alors que 100 000 Français sont atteints d’eczéma sévère et que nombre d’entre eux se trouvent en situation d’impasse thérapeutique, de grands espoirs reposent cette année sur le lancement de nouveaux médicaments, essentiellement des biothérapies.
Aussi innovantes soient-elles, ces innovations thérapeutiques devraient soulager les malades sans pour autant guérir définitivement de l’eczéma, qui reste une maladie chronique. Dans un premier temps, ces traitements, coûteux et probablement non dénués d’effets indésirables comme tous les médicaments, ne seront envisagés que pour les patients en situation d’impasse thérapeutique.
Les biothérapies
Beaucoup d’espoirs reposent sur ces biothérapies, issues des biotechnologies. Il s’agit de médicaments qui parviennent à la fois, à cibler avec précision et à bloquer la molécule ou la cellule «clé» qui intervient dans l’activité de la maladie.
Le dupilumab (Dupixent) est la molécule la plus souvent évoquée qui a récemment obtenu une autorisation de mise sur le marché au niveau européen. Ce nouveau médicament destiné uniquement aux adultes, est actuellement testé dans plusieurs centres hospitaliers français. Le dupilumab s’administre par voie injectable sous-cutanée (300 mg).
D’autres biothérapies sont en phase de test dans le traitement de la dermatite atopique, comme le lebrikizumab, le fezakizumab, le tralokinumab et le némolizumab. Ces nouvelles molécules viendront compléter l’arsenal thérapeutique dans quelques années.
Les autres expérimentations en cours
À côté des biothérapies injectables, d’autres molécules sont en cours d’expérimentation, par voie orale (baricitinibupadacitinibanti- H4R) ou locale (tofacitinib topique). Dans cette dernière catégorie, une pommade au crisaborole (Eucrisa) est déjà disponible aux États- Unis.
Le crisaborole, qui peut être prescrit à partir de deux ans, est un inhibiteur de la phosphodiestérase 4, indiqué dans la dermatite atopique légère à modérée.
Les traitements classiques
Le traitement classique de l’eczéma repose sur deux principes simples : le traitement immédiat de l’inflammation et l’hydratation quotidienne de la peau.
En cas de poussée inflammatoire, les médecins recommandent le recours ponctuel aux dermocorticoïdes. Une fois l’inflammation maîtrisée, l’hydratation quotidienne de la peau à base d’émollients est primordiale pour reconstruire la barrière cutanée et éviter la sécheresse de la peau.
Pour de nombreux patients, ce traitement de base ne suffit pas, d’où le recours à des alternatives locales (anticalcineurines : uniquement la pommade Protopic en France), régionales (photothérapie), et systémiques (immunosuppresseurs).
Les conseils bien-être
Le cercle vicieux de la «démangeaison, lésion, aggravation» et le stress qu’il engendre peuvent être enrayés avec quelques techniques et astuces simples et efficaces, recommandées par l’Association Française de l’Eczéma.
Du froid pour calmer les démangeaisons
En plus des traitements thérapeutiques habituels et des recommandations d’usage (ongles courts, port de moufles en coton pour les bébés...) «le froid» permet de calmer rapidement les démangeaisons de l’eczéma.
Galet réfrigéré, cuillère, bombe d’eau thermale, sac de glace, éventail... des remèdes pratiques existent. Certains patients vont jusqu’à mettre leur tee-shirt au réfrigérateur en été !
Toujours plus de relaxation
À plus long terme et en complément, toutes les techniques de relaxation sont conseillées : objets anti-stress, roulette de massage, sophrologie, yoga, musique douce...
Pour certains patients, l’hypnose est également une piste à explorer pour améliorer le quotidien.
L'eczéma : une souffrance physique et psychologique
Selon une étude menée par l’Association Française de l’Eczéma, la dermatite atopique génère anxiété et dépression.
«Tout se passe dans la tête : certains patients souffrant de dermatite atopique très modérée d’un point de vue médical, peuvent perdre totalement confiance en eux. Alors que d’autres patients souffrant d’une dermatite atopique sévère ont un travail, vivent en couple, fondent une famille.
La maladie ne doit pas être un obstacle pour les patients, pour mener une vie épanouie. Cependant, les malades qui manquent de confiance en eux, peuvent, sans en avoir conscience, se servir de leur maladie pour expliquer tous les problèmes qu’ils vivent.
Il est primordial d’expliquer simplement ce qu’est la dermatite atopique afin d’abattre les idées reçues. Non l’eczéma n’est pas contagieux ! Non l’eczéma n’est pas lié à un manque d’hygiène !» écrit le Dr Sylvie Consoli.
«C’est du vécu»
«Un jour, un garçon m’a dit que jamais quelqu’un ne pourrait m’aimer à cause de mon eczéma. J’ai perdu toute estime et toute confiance en moi à partir de cet instant.» Emma
«Toutes ces moqueries : le monstre, la dégueulasse, la dalmatienne galleuse, t’approche pas ! Une chose m’a fait du bien : discuter avec une petite fille, plus jeune que moi, très atteinte elle aussi, mais qui, contrairement à moi, avait l’air très heureuse. Elle m’a dit que c’était un obstacle comme un autre qu’il fallait apprendre à le surmonter.» Carole
«À l’école primaire, à propos de mes mains pleines de squames, une petite fille m’a dit que j’avais des mains de vieilles.» Aude
«Durant toute ma scolarité, j’ai eu beaucoup de moqueries donc pas beaucoup d’ami(e)s. En primaire, les élèves m’ont dit que c’était les rats qui me bouffaient les mains et ça m’a traumatisée.» Claudine
«Petite, un instituteur m’a demandé si j’avais des puces à cause de mes démangeaisons.» Solange
«À l’adolescence, certains m’appelaient la lépreuse et faisaient style d’être dégoutés quand ils étaient près de moi.» Fabienne
«On m’a dit que j’avais une sale tête pour vendre des cosmétiques.»
«Les réactions des collègues en voyant mon visage et mes paupières gonflées qui me demandent sans cesse : qu’est-ce qui t’arrive encore ?»