Le kobido, le pire et le meilleur
Le kobido est un soin tellement connu qu’on ne peut imaginer depuis quelques années un spa digne de ce nom qui ne proposerait pas un kobido dans sa carte de soins. Or, lorsqu’on connaît vraiment le kobido, on est surpris de tant de différences de pratique et surtout on se demande pourquoi en faire une telle affaire tant, parfois, il n’est pas si extraordinaire que cela.
Soin visage : quelles sont les origines du kobido ?
De quoi s’agit-il ? Tout d’abord, c’est un soin anti-âge qui fait partie de la tradition japonaise. Il a existé en tant que tel depuis 1472, où l’histoire raconte que des «maîtres masseurs» ont un jour décidé de s’affronter entre eux afin de définir quel était le meilleur avec le meilleur soin. Et c’est le kobido qui a gagné avec une parfaite maîtrise du traitement. Son enseignement fut confidentiel et d’un niveau de qualité exceptionnel. Son représentant majeur est Maître Shogo Mochizuki qui exerce toujours au Japon.
La technique
On y reconnaît du shiatsu, des pressions fixes ou glissées, des pincements, des battages, des drainages, tout cela pratiqué avec un certain positionnement de l’esprit et une approche énergétique qui se gagne avec un travail subtil et rigoureux que ne peut se faire qu’en présentiel et certainement pas en quelques heures.
Une sémantique vide de sens
Le mot magique fait vendre et nous trouvons à présent du «kobido méditerranéen» ou du «kobido des jambes». C’est plutôt triste et en tout cas mensonger. Nous, professionnelles, savons, car nous connaissons au moins la base de ce grand massage et ses vrais enjeux de transmission. Mais le public n’y voit que du feu et cela fait du mal au métier car nous ne sommes pas dans une quête d’expertise. Nous sommes dans un nivellement par le bas…
Nous ne sommes pas dans une quête d’expertise mais dans un nivellement par le bas…
Les «kobido signature»
Certains spas ou écoles choisissent d’adjoindre des gestuelles complémentaires à la base du soin d’origine. Pourquoi pas ? Quelle que soit la qualité des produits rajoutés, il convient de revoir le résultat final.
- L’Académie des Facialistes par exemple enseigne avec rigueur et qualité plusieurs techniques expertes de soin du visage que les créatrices de l’école, Delphine Langlois et Catherine Bourgeois, ont étudié à la source, au Japon, en Angleterre, en Russie. Elles ont fait leur assemblage avec intelligence et professionnalisme pour former de vraies facialistes aussi bien en esprit qu’en technicité.
- Le Kobido Suprême créé par Nathalie Bouchon Poiroux pour Cinq Mondes est remarquable. Mais pour cela, elle est allée étudier à la source historique du kobido, elle a beaucoup travaillé sur sa maîtrise gestuelle, elle a fait superviser son soin par un maitre japonais et, enfin, avant de transmettre, elle a tout validé avec son équipe de formatrices.
Cela ne signifie pas que la tradition ne peut pas évoluer et s’adjoindre des éléments modernes. La preuve. Les créations contemporaines inspirées de soins mythiques peuvent être authentiques.
J’ai des soins kobido en institut de beauté
Compte tenu que nous trouvons des kobido presque partout, c’est plus ou moins bien fait, et plus ou moins inspiré du vrai kobido. Le mot fait vendre mais la pratique est plus ou moins authentique. J’ai voulu vous offrir quelque chose de différent et qui vous inspire.
Vous trouverez donc, là, deux exemples. L’un a été fait à domicile, chez moi, et pratiqué par une esthéticienne indépendante. L’autre est un institut avec une esthéticienne aux mains «magiques» et recommandée par un des meilleurs professionnels. Découvrez, et faites-vous votre opinion.
Le kobido «comme à la maison»
Voulant tester ce soin chez moi, je cherche tout simplement sur Internet : kobido, domicile – Paris. J’ai choisi à l’intuition.
Contact et réservation
L’esthéticienne que j’ai contactée m’explique que le kobido est le lifting naturel des impératrices japonaises. Lorsqu’on ne connaît pas, c’est bien.
Je lui explique que j’ai chez moi une table de massage. Elle a poussé un grand Ouf ! L’autre solution consiste à me faire le soin sur mon lit et elle, assise par terre. Tant mieux que nous puissions faire autrement. Nous trouvons facilement un rendez-vous. J’ai du linge à la maison (serviettes, couvertures, etc.) mais elle a son propre linge.
Accueil
À son arrivée, je lui montre les toilettes, le lavabo, les prises pour ses branchements. Et je sors afin de la laisser s’installer à sa convenance. Elle a même la couverture chauffante et sa musique. Je suis chez moi comme dans un vrai institut. Elle a un joli plateau avec tous les accessoires : ridoki, rouleaux de quartz et de jade et gua sha. Je m’installe.
Le soin lui-même
- Pattes de chat sur tout le corps, depuis les épaules jusqu’aux pieds. Ce n’est pas original mais cela fait du bien.
- Stimulation par des pressions shiatsu sur le décolleté, le cou et l’ovale du visage.
- Démaquillage à l’huile de jojoba puis à l’eau de rose.
- Ma peau est déshydratée, elle va faire le massage à l’huile de jojoba.
- Le ballet manuel commence : pétrissages (c’est souvent le même mot, mais ils sont différents.) Une chose est certaine, elle prend chaque pli de peau et le malaxe. Beaucoup de battages, des lissages sculptants pour bien donner la sensation de lifting. Elle ajoute des pressions assez puissantes.
Ce soin n’a fait que picorer quelques gestuelles du kobido !
- Les accessoires : elle commence avec des lissages faits avec un petit rouleau en quartz rose. Puis c’est un ridoki qui picote un peu et enfin c’est un gua sha tout plat, en quartz rose. Elle lisse. C’est tout frais. Cela fait du bien.
- Elle élimine l’huile avec un tissu humide, puis ajoute de l’eau de rose.
- Le soin est terminé. Elle applique de l’huile de jojoba.
- Je me redresse. Elle est enthousiaste tant mon teint est éclairé et mon visage ouvert. Je me précipite devant le miroir pour constater cela. C’est vrai. Elle a raison. Par contre, mes poches sous les yeux sont très gonflées. On dirait des beignets. Pourquoi ? Je ne sais pas. Dommage. Je ne vois que cela.
Pour vous
Sans aucun doute, le soin était bien fait. Pas très compliqué, mais il m’a fait du bien. Mais je voulais un kobido et je ne l’ai pas reconnu. J’en reçois beaucoup dans la mesure où c’est le soin «à la mode», je n’ai pas retrouvé la structure que j’ai souvent vu ailleurs. Je fais la part des choses car chaque esthéticienne interprète un protocole avec sa «patte» personnelle, mais lorsqu’on parle d’un soin précis, qui a été déposé, qui fait l’objet de formations expertes et parfois de contestations, de respect d’une méthode, on se doit de pratiquer de façon très cohérente avec ce qu’on annonce par ailleurs. Ce qui n’empêche pas de faire un bon soin. Il n’y a pas que le kobido en institut.
Je n’ai pas été éblouie par le soin que j’ai reçu qui a picoré quelques gestuelles caractéristiques du kobido, mais n’était pas un kobido.
Durée et prix
Une heure, 120 € (déplacement compris)
Institut de beauté : j'ai testé un soin kobido réalisé par des mains de fée
Contact et réservation
C’est Jean-Louis Poiroux qui me recommande «Le Boudoir de Malika» à Neuilly sur Seine. Je téléphone. Je savais ce que je voulais, ce fut bref. Nous avons pris rendez-vous. Les détails me sont parvenus par SMS dans les cinq minutes.
Accueil
Le jour prévu, je me présente à l’institut qui est situé dans un immeuble élégant de Neuilly. Il s’agit d’un grand appartement où plusieurs esthéticiennes officient. C’est simple et chic. Chacune des esthéticiennes est indépendante et gère avec maturité sa clientèle.
Après un bref passage dans la salle d’attente, je suis orientée dans la cabine où trône une table de massage et un petit fauteuil pour discuter un peu sur mes attentes et me changer.
Dans sa première étape de vie, Malika travaillait dans un bureau, jusqu’au moment où elle a découvert le kobido, elle s’est formée et refomée à de nombreuses reprises avec des maîtres kobido tout en passant son diplôme d’esthétique. Elle crée son soin signature que je vais recevoir aujourd’hui le «lifting sino-japonais» , 80 % de kobido et le reste en tui na visage.
Le soin lui-même
- Nettoyage avec un lait démaquillant, puis élimination à l’eau. Séchage et lotion.
- Gommage.
- Tout commence par un super diagnostic à «l’ancienne». Lampe loupe et examen tactile. Malika m’a découvert des comédons que je ne soupçonnais pas, des ridules auxquelles je ne prêtais pas attention et des zones de relâchement dont il était temps que je m’occupe. Vapozone et extraction des comédons avec une raclette à ultrasons, puis tire-comédons.
- Longue pulvérisation d’une lotion à base d’eau de fleur d’oranger, puis application d’un sérum à base d’huile de grenade et d’huile d’argan.
- La danse gestuelle commence : je reconnais la gestuelle caractéristique du tui na : un pétrissage très spécial, puissant et rythmé (pousser-tirer, comme les Chinois le définissent eux-mêmes).
- Ma peau est très déshydratée, elle ajoute régulièrement de l’huile et passe à la technique spécifique kobido : lissages puissants sculptants, palper-rouler, pressions fixes ou glissées. Tout ceci avec puissance et virtuosité.
- Les accessoires : elle dispose de ridoki, de stylets, de gua sha et de ventouses frais la plupart du temps. Elle les prend au fur et à mesure qu’elle traite tel ou tel défaut de mon visage, et cela s’ajoute au ballet manuel : les mains + l’accessoire, et sur une autre zone : l’accessoire + les mains. À chaque fois, elle ajoute un commentaire sur mon visage. Bref ! Une unité. Magistral !
Choisissez des formations de qualité, ne vous laissez pas aller à la facilité
- Les masques : elle pose des patchs contour des yeux, puis en optimise les effets avec l’application de globes glacés en métal. Ensuite, elle pose un masque crème, qu’elle fait pénétrer avec deux globes glacés par une gestuelle sculptante et lissante.
- Pendant la pause masque, elle me laisse me reposer sans sortir de la pièce. Elle surveille la réaction de ma peau, la regarde et commente, et me présente les produits utilisés avec beaucoup d’intelligence.
- Elle ôte les masques avec des gants en microfibres humides.
- Pose des produits de fin de soin avec à chaque fois un commentaire sur les ingrédients, les effets attendus et le prix. Contour des yeux, sérum et crème.
Pour vous
Je relèverais deux éléments comme conseil pour vous :
- La virtuosité gestuelle : je ne saurai que vous conseiller encore et toujours de vous former avec des gens de qualité. Ne vous laissez pas aller à la facilité.
- La méthode de vente qui est tout le contraire de ce qu’on vous enseigne à l’école, elle me parle avec douceur pendant mon masque, ne m’a pas dérangée, elle l’a fait avec des mots simples, sincères et justes, en me précisant à chaque fois les effets précis sur ma peau.
Durée et prix
1h20, 110 €.
Le Boudoir de Malika, 6 allée Ferrand,
92200 Neuilly sur Seine.