Les Français, le soleil et les cancers cutanés
Avant tout, une première vérité : les Français sont conscients mais imprudents face au soleil et au dépistage des cancers cutanés.
Le constat est sans appel : une grande majorité des personnes interrogées (88 %) est consciente du risque de développer un cancer de la peau en cas d’exposition au soleil sans protection. Pourtant, et alors qu’un examen attentif est la première étape indispensable du processus de détection et de prévention, seule une personne interrogée sur deux dit avoir consulté un dermatologue pour faire vérifier ses grains de beauté, une personne sur quatre ne s’est jamais auto-examinée, et seulement une sur trois les examine de façon régulière, au moins une fois par an.
Un paradoxe qui subsite parmi les français
Largement éduquée sur les dangers que peut comporter l’exposition au soleil, la population française est à la traîne dans l’adoption des bons réflexes de prévention et de dépistage. En effet, alors qu’ils sont 95 % à savoir que l’exposition solaire sans protection constitue un danger, responsable de problèmes de santé et d’une accélération du vieillissement de la peau, seuls 10 % des Français interrogés déclarent se protéger des effets du soleil tout au long de l’année. D’où un besoin urgent de faire prendre conscience que nous pouvons tous être acteurs de ce dépistage car le mélanome est un cancer «visible à l’œil nu» et s’ils sont diagnostiqués à temps, 90 % des cancers de la peau peuvent être guéris !
Le mélanome est le 9ème cancer le plus courant en Europe. C’est le seul type de cancer visible à l’œil nu.
Chaque année, il y a 11 000 nouveaux cas en France !
Dans 90 % des cas, un mélanome diagnostiqué suffisamment tôt peut être traité efficacement.
Un paradoxe qui tient à un imaginaire collectif selon lequel être bronzé serait un signe de bonne santé pour 72 % des Français, et le soleil une source d’énergie pour 92 % d’entre eux. Une vraie tendance au bronzage par ailleurs confirmée par 61 % des Français qui continuent de penser qu’un teint hâlé est plus attirant qu’un teint naturel. 78 % des Français qualifient même de «sexy» le fait d’être bronzé.
L’attitude face au soleil
Application d’une protection solaire visage : France 62 % - Monde 57 %
Application d’une protection solaire corps : France 72 % - Monde 59 %
Portent un chapeau ou une casquette : France 43 % - Monde 38 %
Portent des lunettes de soleil avec filtres UV : France 74 % - Monde 59 %
Portent des vêtements couvrants : France 12 % - Monde 19 %
Parents appliquant une protection solaire aux enfants de moins de 12 ans : France 98 % - Monde 87 %
Recherchent de l’ombre : France 46 % - Monde 52 %
Pensent qu’il est sans danger de s’exposer si on est déjà bronzé : France 13 % - Monde 21 %
Pensent que les protections solaires à l’indice de protection 50 s’adressent à des personnes à risque seulement: France 53 % - Monde 66 %
Chapeau bas pour…
• Le port de casquette :
- Australie : 58 %.
- Russie : 51 %.
- Finlande : 48 %.
- Grèce : 47 %.
- Monde : 38 %.
• Le port de lunettes de soleil :
- Grèce : 78 %.
- France : 74 %.
- Monde : 59 %.
• Le port de tee-shirt :
- Mexique : 43 %.
- Chili : 36 %.
- Monde : 19 %.
New York, Milan et Paris sont réputées pour être les capitales de la mode.
La Roche-Posay et Ipsos ont questionné les habitants de 23 pays pour déterminer les habitudes en matière de protection solaire. Les habitants de l’Australie, de la Grèce et de la Finlande optent tous pour la casquette, afin de protéger leur visage contre les rayons potentiellement dangereux du soleil. Les Français et les Grecs, en revanche, préfèrent le look «lunettes de soleil», 74 % et 78 % respectivement disant les porter dès que le soleil sort. Les Mexicains et les Chiliens, en revanche, préfèrent les t-shirts à manches longues (respectivement 43 % et 36 %).
Les français au-dessus de la moyenne
Victimes de cette tendance, responsable en partie des comportements à risques, les Français se situent au-dessus de la moyenne mondiale pour les dépistages chez le dermatologue et leur connaissance des risques liés à l’exposition solaire.
En outre, s’ils ne sont pas de grands adeptes de l’auto-surveillance, avec seulement 23 % d’entre eux se penchant sur leurs grains de beauté plus d’une fois par an, ils sont près de la moitié (47 %) à se préoccuper de ceux de leurs proches.Une vigilance toute particulière est apportée par les parents. En effet, les Français sont conscients à 87 % du lien direct entre cancers de la peau et exposition pendant l’enfance ; expliquant ainsi qu’ils appliquent presqu’unanimement une protection solaire aux enfants (98 %).
Par ailleurs, s’ils sont également plus conscients qu’ailleurs que le risque de développer un cancer de la peau est corrélé au nombre et à la taille des grains de beauté, la couleur de la peau est moins bien identifiée comme un facteur de risque, et l’apparition de nouveaux grains de beauté n’est pas clairement perçue comme un indicateur de risque potentiel alors que c’est aussi un indicateur clé…
Les causes et les comportements menant aux cancers de la peau
Un manque de protection solaire pendant l’exposition : France 92 % - Monde 88 %
Une utilisation régulière des cabines de bronzage : France 88 % - Monde 81 %
Une exposition pendant l’enfance : France 87 % - Monde 75 %
Un historique familial de cancer de la peau : France 83 % - Monde 74 %
Le nombre et la taille des grains de beauté : France 78 % - Monde 72 %
La couleur de la peau : France 56 % - Monde 68 %
Les signes qui alertent
Un grain de beauté se modifie, s’élargit, change de couleur : France 56 % - Monde 60 %
Un nouveau grain de beauté différent des autres : France 32 % - Monde 43 %
Avant tout, la santé des proches
Disent faire plus pour la santé de leurs proches que pour leur propre santé : France 82 % - Monde 73 %
Ont déjà conseillé à un proche de se faire examiner ses grains de beauté : France 47 % - Monde 44 %
Attitude face à ses grains de beauté
Examen par un dermatologue au moins une fois par an : France 12 % - Monde 11 %
Ne se sont jamais fait examiner leurs grains de beauté : France 37 % - Monde 52 %
Auto-examen de ses grains de beauté au moins une fois par an : France 32 % - Monde 33 %
N’ont jamais fait d’auto-examen : France 27 % - Monde 26 %
Les attitudes face à l'exposition solaire
- 88 % des personnes reconnaissent les dangers liés à l’exposition solaire sans protection.
- 80 % se protègent du soleil.
- 40 % ne pensent pas à se protéger en dehors des vacances.
C’est universel : la plupart des gens dans le monde aiment le soleil. Et ils sont presque tous conscients de sa nature paradoxale. D’un côté, ils pensent qu’il leur donne de l’énergie et qu’ils ont l’air en bonne santé quand ils sont bronzés, mais d’un autre côté, beaucoup de gens reconnaissent les dangers et les risques associés à l’exposition solaire.
En effet, 88 % sont conscients des dangers liés à l‘exposition solaire sans protection. S’il existe une corrélation très claire entre la reconnaissance des risques et les pratiques de prévention, plus ils sont informés, plus ils se protègent du soleil. Les habitudes de prévention face au soleil sont toujours insatisfaisantes au vu de l’augmentation du nombre de cas de mélanomes.
Si 8 personnes sur 10 se protègent du soleil, 4 personnes sur 10 ne pensent pas à se protéger en dehors de la période des vacances. Plus inquiétant encore, la très faible proportion de gens faisant appel à un dermatologue pour vérifier les signes précurseurs d’un éventuel cancer de la peau, pourtant souvent visibles à l’œil nu.
Seule une personne sur trois dans le monde examine ses propres grains de beauté au moins une fois par an et plus de la moitié de la population n’a jamais suggéré à un proche d’aller se faire examiner.
Pour Laïla Idtaleb, Directrice du Département Santé IPSOS, «Cette étude met en lumière de nombreux tiraillements chez les interviewés, entre connaissance des risques et envie de s’exposer, mais aussi entre connaissance des signes d’un potentiel cancer de la peau et difficultés à franchir le pas vers un dépistage massif et régulier, par soi-même ou chez un dermatologue. L’étude montre aussi, et c’est là toute sa richesse, que l’issue de ces tensions varie selon les pays, avec des nuances également entre hommes et femmes, entre jeunes et plus âgés, entre plus et moins diplômés…».
Les champions du monde de la protection solaire
Application de crème solaire sur le visage pendant l’exposition au soleil :
- Irlande, Portugal, Italie : 69 %.
- Mexique : 35 %.
- Russie : 19 %.
Application d’une protection solaire toute l’année :
- Australie : 32 %.
- Grèce : 34 %.
- Chili : 33 %.
- Belgique, Danemark, Russie : 6 %.
En dépit des facteurs géographiques, climatiques et éducatifs en jeu, cette étude menée dans 23 pays révèle des champions inattendus de la protection solaire et de la prévention du cancer de la peau… et pointe du doigt les mauvais élèves en la matière.
Quand on les interroge sur leurs habitudes en matière de protection solaire, non moins de 34 % des Grecs disent se protéger toute l’année, et ce quelle que soit la saison. La Grèce est talonnée par le Chili (33 %) et l’Australie (32 %). Fait intéressant : ce sont les habitants de ces trois mêmes pays qui tentent de rester le plus à l’ombre quand le soleil brille. Tout en bas du classement, seulement 6 % de la population de la Belgique, du Danemark et de la Russie se protège du soleil tout au long de l’année.
Bien qu’ils ne figurent pas parmi les pays les plus ensoleillés au monde, quand ils sont exposés au soleil les habitants de l’Irlande, de l’Italie et du Portugal, arrivent en tête des utilisateurs de crème solaire. 69 % de leur population indiquant qu’elles l’appliquent sur le visage, contre 35 % des Mexicains, pourtant nettement plus exposés au soleil. Le pourcentage est encore plus faible en Russie, où seulement 19 % de la population utilise de la crème solaire.
Enfin, dans le monde entier, 87 % des parents d’enfants de moins de 12 ans indiquent appliquer souvent de la crème solaire sur leurs enfants quand ils sont exposés au soleil, avec peu de disparités d’un continent à l’autre.
Le mélanome est le 9ème cancer le plus courant en Europe
Le dépistage, une habitude nationale… ou pas
• Examen par un dermatologue au moins une fois par an :
- Allemagne : 24 %.
- Autriche : 23 %.
- Italie : 20 %.
- Finlande : 1 %.
52 % des personnes dans le monde n’ont jamais fait examiner leurs grains de beauté par un dermatologue.
• Auto-examen de ses grains de beauté au moins une fois par an :
- Grèce : 52 %
- Australie : 48 %.
- Autriche : 45 %.
- Brésil : 14 %.
- Russie : 5 %.
• Recommandation à ses proches de faire examiner ses grains de beauté :
- Italie : 66 %.
- Portugal : 63 %.
- Autriche : 59 %.
73 % des personnes dans le monde disent se préoccuper davantage de la santé de leurs proches que de la leur.
Si l’Australie et l’Amérique du Sud sont deux des régions les plus ensoleillées au monde, il semblerait que les Européens soient plus naturellement portés sur le dépistage. En matière d’examen des grains de beauté chez un dermatologue, les premiers de la classe sont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, 24 %, 23 % et 20 % de leurs populations respectives se pliant au rituel une fois par an. En revanche, la Finlande reçoit le bonnet d’âne : seul 1 % de sa population rend visite à un dermatologue une fois par an pour faire examiner ses grains de beauté.
La Grèce, l’Australie et l’Autriche sont les spécialistes de l’auto-examen, 52 %, 48 % et 45 % de leurs habitants disant vérifier ses propres grains de beauté au moins une fois par an. La Russie et le Brésil, notamment ce dernier dont on pourrait attendre une certaine prudence, ne semblent pas encore avoir pris cette habitude, seuls 5 % et 14 % de leur population examinant ses grains de beauté une fois par an. L’Italie (66 %), le Portugal (63 %) et l’Autriche (59 %) sont les nations où l’on recommande le plus souvent à ses proches de faire examiner ses grains de beauté.
«Le mélanome est le plus grave des cancers de la peau. En revanche, s’il est diagnostiqué et traité suffisamment tôt, il est presque toujours guérissable», explique le Dr Luc Sulimovic, Dermatologue, Président du Syndicat National des Dermatologues Vénérologues.
«Il est donc d’autant plus important de s’examiner régulièrement pour déterminer si l’on a des grains de beauté qui changent ou qui grossissent, ou pour vérifier l’apparence de toute autre marque sur la peau. La lutte contre le cancer de la peau commence chez soi et plus les gens examinent leur peau et celle de leurs proches, plus ils seront nombreux à consulter un dermatologue et plus nous serons en mesure d’agir tôt pour obtenir des résultats.»
Inégalité des sexes
Préfèrent les chapeaux ou casquettes : Femmes 32 % - Hommes 45 %
Appliquent une crème visage : Femmes 69 % - Hommes 45 %
Appliquent un produit corps : Femmes 2 sur 3 - Hommes 1 sur 2
Portent un t-shirt à manches longues : Femmes 16 % - Hommes 21 %
Comme souvent, hommes et femmes autour du monde ont des attitudes bien différentes par rapport à la protection solaire. Si les hommes préfèrent généralement s’abriter du soleil en utilisant des techniques comme le port d’un t-shirt à manches longues (21 % des hommes contre 16 % des femmes), d’un chapeau ou d’une casquette (45 % des hommes contre 32 % des femmes), les femmes sont beaucoup plus rigoureuses avec l’application de crème solaire quand elles s’exposent aux rayons du soleil. 69 % des femmes mettent régulièrement de la crème solaire sur leur visage contre seulement 45 % des hommes. On note une différence tout aussi significative pour l’application de crème solaire sur le corps : seul un homme sur deux s’enduit de crème solaire, contre plus de 2 femmes sur 3.
En outre, si cette étude montre que le niveau de sensibilisation quant au risque de cancer de la peau est globalement très élevé, il semblerait que les femmes soient légèrement mieux informées en la matière. 78 % des femmes pensent que le niveau d’exposition au soleil pendant l’enfance est lié au risque de se voir diagnostiquer un cancer de la peau, contre 71 % des hommes à qui l’on a posé la question. De la même manière, 90 % des femmes reconnaissent que le risque de développer un cancer de la peau est corrélé au manque de protection solaire, contre 85 % des hommes.
Jeunes et insouciants ou… inconscients ?
Sans surprise, il apparaît que les adolescents de 15 à 19 ans sont les plus insouciants dans leur attitude face à la protection solaire et à la prévention du cancer de la peau, ce qui est d’autant plus inquiétant que l’on sait que 80 % des dégâts causés à la peau surviennent avant l’âge de 18 ans. Si seulement 46 % d’entre eux recherchent l’ombre quand le soleil brille, ce sont plutôt les adultes de 55 à 65 ans qui s’y précipitent (55%).
D’autant que, par souci de leur apparence ou simple esprit de rébellion, ces adolescents ne sont guère portés non plus sur les accessoires solaires : ce sont eux les moins adeptes des lunettes de soleil (46 %) ou des chapeaux (26 %). Rien d’étonnant alors à ce que l’on devienne, avec l’âge, de plus en plus adepte de l’option chapeau, avec 46 % des 55 à 65 ans qui en portent.
Les 35-44 ans, en revanche, sont ceux qui utilisent le plus de crème solaire pour protéger leur corps contre le soleil (63 %), tandis que les jeunes adultes de 20 à 24 ans semblent les plus préoccupés par les dégâts causés par le soleil à leur visage, où ils sont les plus nombreux à appliquer de la crème (61 %).