Réduction permanente de la pilosité, pour une alternative crédible et légale à l’épilation

Cet arrêté, dans son article 1, visait aussi tous les actes de manipulation articulaire (ostéopathie, chiropraxie, vertébrothérapie). Il s’agissait peut-être de prévenir le développement anarchique d’une médecine parallèle apparaissant dans de nombreux domaines.

Dès lors, pour ces professionnels, une très longue bataille législative médecin/non médecin a perduré jusqu’à la loi du 4 mars 2002 où, sous la pression européenne, ces pratiques ont été libéralisées.

Il faut noter que les praticiens de ces disciplines possèdent des diplômes d’écoles privées sans contrôle de l’État français. Tout en étant ni médecin, ni même auxiliaire médical, ils font la consultation entière, du diagnostic au traitement, ce qui est l’expression même de l’exercice illégal de la médecine !

Cet état de fait ne gêne plus personne dans une société «uberisée» qui voit s’installer à tous les coins de rue des coaches, naturopathes, psychothérapeutes… de tous poils, venus d’autres horizons professionnels et formés souvent lors de cours, dits accélérés.

Qu’en est-il de l'épilation ?

Mais cela ne s’applique toujours pas aux techniques modernes d’épilation que certains ont imaginées plus dangereuses que les manipulations articulaires (?), puisqu’elles sont encore réservées aux médecins ! Gare aux aventuriers qui y dérogent car le juge appliquant légitimement une loi réductrice, les condamnera. Ceci est d’autant plus incompréhensible que les diplômes d’esthétique (diplômes d’État) se sont considérablement valorisés avec le temps.

Pour le Bac Professionnel et le BTS, des cours de physique permettent une maîtrise suffisante dans la connaissance des ondes électromagnétiques, qu’on utilise d’ailleurs largement dans les instituts pour la cellulite par exemple (radiofréquence, ultrasons, etc.).

Il paraît alors totalement illogique, voire injuste que les esthéticiennes qui sont quelque part des «spécialistes du poil», ne soient pas autorisées à utiliser ces ondes non dangereuses du spectre lumineux visible afin de réduire la pilosité car il faut rappeler que seules les ondes invisibles, des UV aux rayonnements gamma, sont dites ionisantes par déstabilisation de l’atome, et donc potentiellement cancérigènes.

La solution c’est épiler sans épiler et donc l’épilaction

Épilation de quoi parlons-nous ?

Le terme épilation fait référence à une action de traction forte et rapide avec comme conséquence l’arrachage du poil par tout moyen mécanique (pince et cire).

Il faut remarquer que la crème dépilatoire n’entre pas dans cette appellation.

Les autres techniques d’épilation visant aussi la destruction folliculaire sont l’action thermique de l’épilation électrique (+/-abandonnée) ou photonique (ondes du spectre visible).

Ces dernières sont les seules qui permettent d’obtenir un effet permanent, puisqu’il y a destruction du follicule et c’est bien à ce niveau que le problème se pose : destruction immédiate ou non !

A contrario, certains ont inventé le terme de dépilation, pour signifier qu’il s’agit, avec le laser ou la LPI (lumière pulsée intense), certes d’une destruction du follicule immédiate mais sans arrachage, donc sans épilation !

Cette façon de contourner la Loi irrite le monde médical et le législateur et joue contre la demande finale des esthéticiennes qui est d’obtenir l’autorisation d’utiliser une technique simple et sécurisée pour une réduction progressive et durable de la densité pilaire, dans les zones normales de pilosité.

Historique et évolution des lasers et LPI

Il faut se rappeler que depuis le début de l’utilisation de tous les lasers et LPI d’épilation (à partir de 1997), comme d’ailleurs pour toutes les autres indications médicales, ces appareils visent à obtenir une destruction immédiate de la cible (ici du poil et follicule) par un tir statique unique de forte énergie (fluence > 20 joules cm2) dans un temps court (quelques millisecondes), entrainant une nécrose de coagulation immédiate du tissu ciblé > 80°. (Plus l’énergie est forte et plus le temps de tir est court, et plus la température à l’intérieur de la cible sera élevée).

On peut comprendre que ce principe a des conséquences possibles : douleurs, brûlures, dépigmentation, croûtes, etc., et donc que la qualification de technique strictement médicale puisse être justifiée.

Mais c’est oublier que, grâce aux évolutions technologiques considérables et au refus croissant de tout effet secondaire de la part des demandeurs, sont apparues depuis quelques années des machines de faible énergie (y compris des home devices) <10 joules, dont le principe de fonctionnement est différent.

En effet grâce à leur cadence de tir très élevée (jusque 10 tirs /s), elles réalisent des tirs en mouvement sur une zone de surface précise pour accumuler une énergie prédéterminée.

Ainsi, la température interne s’accroît pendant la phase de tir pour atteindre progressivement ≈ 65° au niveau folliculaire alors que la peau reste froide.

Il n’ y a donc pas épilation parce que pas de destruction du follicule et/ou élimination immédiate du poil, mais atrophie finale du follicule après quelques jours par modification des membranes cellulaires et dénaturation des protéines.
Cette technique est appelée par certains «Épilaction».
Elle est très rapide et indolore, à risques cutanés minimes, et donc parfaitement adaptée a une action cosmétique qui peut s’identifier à une réduction permanente de la pilosité des zones pilaires «normales» (aisselles, maillot, demi-jambes…).

Elle est donc différente, tant dans ses principes que dans ses revendications, de l’épilation médicale.

Son efficacité à terme est comparable à celle de l’épilation médicale au prix de deux ou trois séances supplémentaires dans le cycle pilaire. Des rappels sont possibles dans les années suivantes si il y a une légère repousse par réactivation folliculaire.

Elle est réalisable avec les nouveaux lasers à diode 810 nm 10HZ (10 tirs par seconde), non utilisés par les esthéticiennes en France, mais aussi et surtout par les lumières polychromatiques à spectre étroit (>650 et <1000 nm) de 3 a 6 HZ déjà bien présentes dans les instituts.

Un médecin ne fait pas 12 ans d’études pour retirer des poils !

La législation future

Un cadre législatif cohérent mettrait fin à toute ambiguïté en précisant les fluences autorisées, la température folliculaire à obtenir (protocoles) et les zones autorisées.

Légiférer est d’autant plus urgent que ces mêmes LPI peuvent réaliser ce qu’on nomme la photoréjuvénation.

Paradoxalement, cette technique, surtout faciale, visant a réduire ou éliminer les taches pigmentaires, la couperose, etc., et à améliorer la texture de la peau et diminuer les rides, n’est pas interdite aux esthéticiennes en raison du vide juridique.

Ainsi, diminuer la quantité de poils sur les zones pilaires «normales» en ralentissant durablement la repousse serait du domaine cosmétique, alors que détruire des poils anormaux, sur des zones hormonales ou des localisations anormales ou a risques, chez des gens normaux ou atteints de pathologies diverses, devrait rester dans le domaine médical.

Ne doutons pas que le législateur saura un jour faire cette distinction afin d’arrêter les plaintes exagérées et que chacun puisse exercer son art à son niveau de diplôme et de responsabilité.

Je conclurai en reprenant à mon compte cette boutade d’un confrère : «Je n’ai pas fait 12 ans d’études supérieures pour enlever des poils !».