Microplastiques et cosmétiques : une pollution sournoise. 2

Les microplastiques partiellement interdits en France depuis 2016

Ce n’est que tardivement que la France s’est penchée sur le sujet, alors qu’il était déjà très médiatisé chez nos voisins allemands par exemple. Le 22 septembre 2015 Michèle Delaunay, députée PS de la Gironde, s’était ainsi adressée à Ségolène Royal, alors ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, pour attirer l’attention du gouvernement et lui demander sa position «sur l’utilisation des microbilles dans les produits cosmétiques et sur l’impact environnemental de leur présence dans les océans».

C’est durant l’été 2016 que la situation a enfin changé dans l’Hexagone, ce dont la presse généraliste a brièvement parlé. Le 8 août 2016 a en effet été adoptée définitivement la loi «pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages». Parmi les nombreux domaines qu’elle recouvre, deux concernent plus particulièrement le monde de la cosmétique et de l’hygiène, avec des mesures passées relativement inapercues.

- La première portait sur les cotons-tiges en plastique, souvent jetés sans discernement dans les toilettes voire directement dans la nature : «A compter du 1er janvier 2020, la mise sur le marché des bâtonnets ouatés à usage domestique dont la tige est en plastique est interdite».

Cette mesure anticipait donc celle récemment décidée au niveau européen.

- La seconde concerne ces microplastiques : «Au plus tard le 1er janvier 2018, il est mis fin à la mise sur le marché de produits cosmétiques rincés à usage d’exfoliation ou de nettoyage comportant des particules plastiques solides, à l’exception des particules d’origine naturelle non susceptibles de subsister dans les milieux, d’y propager des principes actifs chimiques ou biologiques ou d’affecter les chaînes trophiques animales». Sont donc concernés notamment les gommages visage et corps (ainsi que les gels douche gommants) ou les dentifrices. Mais les combleurs de rides par exemple, qui ne se rincent pas, ne sont pas visés par ce texte.

Affichant leur «bonne volonté», plusieurs acteurs notables de la cosmétique conventionnelle se sont d’emblée affichés «bons élèves», clamant leur intention de se mettre en conformité avant la date butoir. C’est oublier qu’ils sont eux-mêmes les premiers fautifs de cette pollution énorme que provoquent ces microplastiques…

Depuis, les choses ont encore avancé. Le 17 janvier 2018, L’ECHA (Agence européenne des produits chimiques) a annoncé que la Commission Européenne lui avait demandé de «préparer des propositions de restrictions éventuelles des oxo-plastiques et particules de microplastique intentionnellement ajoutées» argumentant que «des données probantes actuelles suggèrent un risque potentiel pour l’environnement et la santé humaine dû aux particules microplastiques qui sont intentionnellement ajoutées à certains produits de consommation courante ou à usage professionnel, comme les cosmétiques, les détergents et la peinture. Les oxo-plastiques, également appelés plastiques oxo-dégradables, facilitent la dégradation rapide des matériaux en polymères en très petites particules, pouvant potentiellement contribuer à la pollution microplastique». Le 1er mars suivant, l’ECHA a lancé un appel à données pour documenter cette possible restriction des microplastiques, précisant «être particulièrement intéressée par des informations sur l’utilisation des particules microplastiques, leurs alternatives ainsi que les coûts et autres impacts d’une restriction potentielle».

De nouveaux pays ont entamé des procédures d’interdiction totale ou partielle. En Belgique, un «accord sectoriel» a été signé le 9 janvier 2018 entre l’Etat fédéral et DETIC, l’association belgo-luxembourgeoise des producteurs et des distributeurs de cosmétiques, détergents, produits d’entretien, colles et mastics, biocides et aérosols. Cet accord porte sur la «substitution des microbilles de plastique dans les produits cosmétiques à rincer et les produits bucco-dentaires» au plus tard le 31 décembre 2019. A cette date, aucun produit cosmétique de ces deux familles contenant des microbilles de plastique ne pourra plus être mis sur le marché belge par les membres de DETIC. De son côté, le 22 juin 2018, l’Italie a notifié à l’Organisation Mondiale du Commerce un projet d’interdiction -pour application à partir de janvier 2020- des produits cosmétiques à rincer à action exfoliante ou nettoyante contenant des microplastiques. Malheureusement, tous les usages de microplastiques ne sont donc pas concernés par ces textes et il va en rester dans beaucoup de produits.

Tout le monde a compris l’intérêt qu’il y a à trier ses déchets pour l’avenir de la planète et celui de nos enfants

Agissez dès maintenant !

Une fois de plus, les actions entreprises par les autorités montrent que dans ce domaine-là aussi, la cosmétique bio certifiée avait une nouvelle fois raison en avance.

Comme pour les autres thèmes évoqués plus haut, les marques bio ont rejeté depuis toujours, en raison de leur histoire et de leurs engagements, des composants et ingrédients à risque. Ce faisant, elles ont anticipé les évènements, qu’ils soient médiatiques ou réglementaires.

A chaque fois, les marques conventionnelles s’emparent à leur tour du sujet, par intérêt commercial ou par obligation réglementaire. Mais elles n’agissent que dans un champ limité, ne remettant pas en cause l’ensemble de leur fonctionnement. Quel est le prochain scandale sanitaire qui apparaîtra, et que les marques bio et écologiques auront, grâce à leur éthique, une fois de plus anticipé ?

C’est non seulement un point à garder en tête, mais aussi une raison de plus pour se mettre dès maintenant à la cosmétique certifiée, dont les qualités techniques ne peuvent plus être mises en doute (voir nos articles précédents !).

En ce début du XXIe siècle, plus personne ne songerait à jeter ses ordures dans la rue comme cela se faisait encore dans certains quartiers il y a 200 ans. De même qu’aucune personne sensée ne jette ses vieux pneus dans la nature comme on pouvait encore le voir il y a 50 ans.

Et tout le monde a compris l’intérêt qu’il y a à trier ses déchets pour l’avenir de la planète et celui de nos enfants. Aujourd’hui, on connaît aussi les ravages que font ces microplastiques. Continuer à faire comme si de rien n’était est une attitude irresponsable face aux générations à venir. La cosmétique bio certifiée est un des éléments de réponse, comme l’est aussi le tri sélectif fait avec application. Certes, ce n’est qu’une goutte d’eau. Mais les gouttes d’eau se font rivières, les rivières se font fleuves et les fleuves se font océans.