Les nouveaux graals de la cosmétique naturelle et bio

Si les fins d’années 2022 et 2023 se sont avérées difficiles pour le bio, les prévisions dans le secteur de la cosmétique bio sont très encourageantes : +7 % en 2024. Les produits bio et naturels devraient peser 1,25 MdÄ en 2025. 77 % des acheteurs de cosmétiques bio en achètent depuis moins de cinq ans et 31 % depuis moins d’un an (1).

Mais aujourd’hui, la consommation des «cosmétiques verts» s’inscrit dans une consommation responsable beaucoup plus large, porteuse de fortes valeurs dont les deux principales sont l’environnement et la santé. Elle s’accompagne aussi de nouvelles tendances et quêtes, bien différentes d’une simple certification normative.

Zoom sur les nouveaux graals d’une cosmétique qui n’a pas dit son dernier mot.

VERS DE NOUVELLES ROUTINES COSMÉTIQUES

Pour 81 % des acheteurs (2), le passage au bio s’accompagne de nouvelles routines cosmétiques et d’une volonté de réduire son impact environnemental :

- 32 % utilisent davantage de produits “0 déchet”,

- 32 % utilisent davantage de produits avec des packagings rechargeables,

- 31 % utilisent davantage de produits solides,

- 26 % utilisent davantage de produits avec des packagings réutilisables,

- 23 % ont commencé à utiliser des produits personnalisés,

- 23 % ont mis en place une routine complète bio avec plusieurs produits,

- 18 % se sont mis au DIY,

- 14 % ont commencé à utiliser des produits “tout-en-un”,

- 14 % utilisent une gamme complète de produits bio,

- 6 % ont mis en place une routine complète avec un seul produit.

Il est intéressant de noter que les acheteurs de cosmétique bio sont toujours majoritairement féminins (67 %), mais de plus en plus jeunes (38 % en 2022 vs 34 % en 2020) (3).

(1), (2) et (3) - Étude Cosmebio menée par l’institut de sondages IFOP en juin 2022, auprès d’un échantillon de 1000 Français (hommes et femmes) de 18 à 65 ans, représentatif de la population française.


LE GRAAL DU CIRCUIT COURT ET DE LA BEAUTÉ DU TERROIR

Aujourd’hui, les consommateurs recherchent bien plus que des formules qui proviennent surtout de l’agriculture biologique. Ils veulent une totale transparence de la marque ainsi qu’une totale traçabilité de ses actifs. Des marques engagées qui valorisent un terroir et participent ainsi à sa protection. Les circuits courts permettent de rapprocher les producteurs et les consommateurs, en réduisant les intermédiaires, pour offrir des produits de qualité supérieure. Ils permettent également de favoriser des pratiques durables en minimisant les pertes d’énergie et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Les circuits courts peuvent également offrir une meilleure traçabilité en termes de conditions de fabrication, car les producteurs locaux sont souvent plus accessibles et plus facilement contrôlables par les consommateurs.

D’UNE «BEAUTÉ VERTE» À UNE «BEAUTÉ CONSCIENTE»

De plus en plus, la «beauté verte» laisse place à une beauté de plus en plus consciente reposant sur trois principaux marqueurs :

- la santé, à savoir prendre soin du corps avec notamment des cosmétiques in & out,

- la santé de la peau, en respectant le microbiome,

- l’environnement, avec des soins qui ne soient pas nocifs pour lui.

La beauté verte laisse sa place à une beauté consciente

En période d’inflation, si une partie des consommateurs réduit considérablement ses dépenses hygiène-beauté, une autre partie cherche à mieux dépenser, en toute conscience, sans gaspillage, de manière plus éthique et réfléchie. Cette tendance porte le nom du «smart spending». Consommer mieux s’inscrit totalement dans la «beauté consciente» qui ne cesse de se développer.

Selon Euromonitor, les préoccupations environnementales restent une priorité et plus de 60 % des consommateurs ont tenté d’avoir un impact positif sur l’environnement en 2023.


VERS UNE COSMÉTIQUE DE PLUS EN PLUS FRAÎCHE

Lorsque l’on est adepte de l’alimentation vivante, l’objectif est de manger des aliments les plus frais et les moins transformés possibles. Étonnamment, on se pose peu de questions sur la fraîcheur des cosmétiques que l’on achète. Or, un cosmétique acheté peut avoir été formulé il y a 30 mois, soit deux ans et demi plus tôt ! Si l’utilisation ne pose bien sûr aucun souci puisque le soin a été stabilisé pour qu’il se conserve autant de temps, il n’en demeure pas moins qu’un peu d’énergie vitale et d’efficacité se soient «évaporées» après tous ces mois d’inertie. De très nombreuses consommatrices souhaitent pouvoir accéder à des cosmétiques frais façonnés seulement quelques jours avant leur achat.

La solution : le circuit-court

Si une telle demande était encore impossible il y a peu, la multiplication des circuits courts permet aujourd’hui d’accéder à cette demande. Avec une unité de production à taille humaine intégrée au sein même d’une marque, le circuit court permet de fabriquer en moindre quantité, à la commande, garantissant ainsi un envoi au client dans les jours qui suivent la fabrication. La cosmétique fraîche offrant la plus haute concentration de nutriments actifs, et garantissant une efficacité maximale 100 % naturelle, a de beaux jours devant elle et n’a pas fini de faire parler d’elle.

LE PHÉNOMÈNE «NEURO-GLOW», NOUVEAU GRAAL DE LA COSMÉTIQUE BIO

Retenez bien ce néologisme, car vous risquez fortement de l’entendre en 2024. Il désigne les cosmétiques qui prennent autant soin de la peau que de la santé mentale. Selon une récente étude menée par Mintel, agence leader mondiale dans l’analyse des marchés, l’avenir des soins de la peau sera marqué par cette approche de la beauté qui améliore la santé de la peau tout en prenant soin du bien-être mental et émotionnel des consommateurs. Plusieurs fournisseurs d’actifs ont travaillé en ce sens et ont développé des actifs Neuro-Glow pour faire rimer beauté et santé mentale :

- GreenTech a développé l’actif Circalys, un ingrédient actif naturel, chrono-detox et énergisant «feel good», titré en andrographolide, extraits des feuilles de chirette verte, pour réduire efficacement les impacts de la fatigue induite par une vie moderne au rythme effréné sur la peau (poches, cernes, rides, teint terne) et sur les émotions (sentiment de bien-être boosté, stress perçu et émotions négatives réduites – effet «yoga-like»).

- Ashland a développé Caressense, un extrait phyto-fermenté de fleurs de jasmin inspiré par la recherche sur le lien entre “peau et émotions” et “science de l’amour”. Ce bioactif naturel est capable d’activer les capteurs de toucher de la peau, les piézos, pour libérer des molécules “feel-good” et anti-âge.

Désormais les cosmétiques prennent autant soin de la peau que de la santé mentale

- Lucas Meyer Cosmetics a développé Immunight et Regenight, deux actifs naturels complémentaires, qui améliorent la récupération de la peau pendant la nuit en agissant avec un double mécanisme d’action unique ciblant l’amélioration de la qualité du sommeil. Comment ? Par inhalation de composés olfactifs tout en ayant une action topique directe sur les propriétés de la peau pour stimuler les deux principaux processus biologiques affectés par un sommeil défectueux.

- Mibelle Biochemistry a développé Timood, un ingrédient breveté issu du poivre de Timut qui booste les fonctions neuronales dans la peau améliorant ainsi l’homogénéité cutanée. En outre, cet ingrédient a une influence positive sur l’humeur et le bien-être émotionnel.

LES SOINS POUDRE, LES NOUVEAUX SOLIDES

On les pensait indétrônables et pourtant… Testés et approuvés par les adeptes du D.I.Y., les cosmétiques poudre arrivent en force dans l’univers des cosmétiques prêts à l’emploi et pourraient grandement faire de l’ombre, voire détrôner les soins solides. Sans eau et sans SCI (Sodium Cocoyl Isethionate), ils représentent une étape supplémentaire vers le zéro déchet.

À toutes fins utiles, rappelons que le SCI - bien que tensioactif dérivé de l’huile de coco - est tout sauf anodin. Il est d’ailleurs interdit au sein de la certification bio puisqu’il fait appel à l’éthoxylation, un procédé de fabrication issu de la chimie lourde. L’oxyde d’éthylène est un cancérogène qui est par ailleurs très irritant et corrosif pour la peau et les yeux.

Des marques comme Perlucine, Yodi, Yanne Wellness, ou encore Eyden proposent aujourd’hui une offre pointue de soins poudre et ouvrent la voie à cette tendance de fond, nouveau paradigme du zéro déchet.

VERS DES ACTIFS NATURELS DE PLUS EN PLUS HIGH TECH

Aujourd’hui, dans l’univers de la cosmétique bio, la science n’est plus diabolisée mais elle est au service de la nature et des formules cosmétiques naturelles. Elle est d’ailleurs perçue comme la caution de l’efficacité des cosmétiques. Recherche et haute technicité sont aujourd’hui les mots d’ordre d’une cosmétique verte qui ne cesse de se réinventer.

L’encapsulation au service des formules vertes

Riches en antioxydants, les actifs naturels ne sont pas toujours très stables et peuvent nécessiter une technique de délivrance sur la peau bien spécifiques comme l’encapsulation. L’encapsulation d’actifs consiste à enfermer les principes actifs instables dans une micro-gaine protectrice, une très fine membrane microscopique, qui va les isoler des autres éléments de la formulation. Elle préserve ainsi les molécules de tout risque d’oxydation, de détérioration vis-à-vis de la lumière, l’humidité, la température, l’incompatibilité avec un autre ingrédient. L’un des nouveaux défis de l’encapsulation est la suppression des micro-plastiques. De nombreuses alternatives (composants bio-sourcés, polymères naturels…) sont en cours de développement.


Les formules vertes à l’assaut des peptides d’origine naturelle

Très en vogue depuis quelques années, les peptides ne sont plus aujourd’hui la chasse gardée de la cosmétique conventionnelle. Les peptides sont les briques de base des protéines. Facilement assimilés par la peau - de par leur petite taille – les peptides jouent un rôle crucial dans l’organisme en agissant comme des signaux reconnus par les récepteurs cellulaires. Ce sont aussi des éléments constitutifs de protéines cutanées bien connues comme le collagène, l’élastine ou la kératine. Les peptides présentent le grand avantage d’être multifonctionnels et donc d’avoir différentes propriétés cosmétiques telles qu’anti-âge, éclaircissantes, hydratantes, raffermissantes, apaisantes ou même anti-inflammatoires…

Les fournisseurs d’ingrédients qui en proposent utilisent des procédés biotechnologiques tels que la biofermentation ne nécessitant pas de solvants pour un impact minime sur l’environnement. À titre d’exemple :

- les Laboratoires Expanscience ont développé 6 actifs riches en peptides (Effipulp, Actimp Bio, Algaenia, Aqualicia Bio, Sweetone Bio, Skinhairgium Bio),

- le Laboratoire Nuritas a identifié dans la nature – via l’intelligence artificielle – les peptides les plus efficaces pour booster les productions de collagène, d’élastine et de fibrilline.

Ces peptides green nouvelles génération répondent parfaitement aux attentes actuelles des consommateurs, en quête d’efficacité et de naturalité.

CONCLUSION

Protéiforme, la cosmétique naturelle et bio a su se réinventer pour s’adapter aux attentes de plus en plus exigeantes de sa communauté. L’année 2024 nous réserve encore bien des surprises et le consortium EcoBeautyScore - l’initiative révolutionnaire - qui regroupe environ 71 acteurs de l’industrie cosmétique - devrait permettre aux consommateurs de faire des choix encore plus éclairés et durables.