L'évolution des soins bio depuis 10 ans .2
Des circuits de distribution qui se sont diversifiés
Il y a 10 ans, seuls les circuits bio distribuaient des cosmétiques bio.
Certes, les poids lourds de l’hygiène beauté s’étaient essayés au bio, ce qui aurait permis d’accélérer la diversification de distribution, mais sans grand succès. À titre d’exemple, Clarins a racheté Kibio en 2010 pour l’arrêter définitivement en 2013. Mais les temps ont changé : la R&D a considérablement évolué en termes d’efficacité, de texture et de parfum et, surtout, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à vouloir du bio. Peu à peu, les circuits ont commencé à se diversifier et les soins certifiés sont apparus en instituts, en parapharmacies et pharmacies et dans le sélectif où les distributeurs font de la place pour accueillir cette offre verte, que ce soit notamment Beauty Success ou Sephora.
Les enseignes de la GMS développent peu à peu leur marque distributeur, pour des marges optimisées et une meilleure gestion des stocks.
C’est le cas notamment d’Auchan Beauty qui a lancé en 2017 la marque distributeur Cosmia, de Système U qui a lancé plus de 30 références avec la MDD U bio et de Casino avec Ysiance, lancée début 2019 ; sans compter Monoprix avec la MDD La Beauté et Sooa Nature pour l’enseigne Leader Price.
Au-delà du bio
Si aujourd’hui chaque enseigne, chaque distributeur veut sa marque bio, ça ne suffit pas. Car être bio n’est plus une finalité mais un pré-requis.
Et ce sont les fortes attentes des consommateurs qui poussent les marques à toujours plus d’exigence. Désormais, les marques ne peuvent plus se contenter de capitaliser sur le bio ; elles doivent aussi intégrer dans leurs gammes de soin des valeurs complémentaires telles que le commerce équitable, la proximité, des formules vegan et respectueuses des animaux mais aussi le «zéro déchet».
Plusieurs marques, présentes sur le marché, proposent désormais des produits à la fois certifiées bio et vegan.
Une étude menée par le fournisseur d’ingrédients AMI montre que les consommateurs ressentent un fort besoin de préserver la planète. 56 % d’entre eux souhaitent que les entreprises et les marques prennent position sur les enjeux sociaux et environnementaux.
D’après AMI, le portrait-robot du consommateur de 2020 pourrait se décomposer de la manière suivante :
- adepte du bio,
- soucieux de l’environnement,
- ultra connecté,
- intéressé par le bien-être animal,
- écoresponsable,
- méfiant à l’égard des industriels.
Pourquoi ne pas imaginer un bar à vrac en institut ?
Les nouvelles tendances du bio
Comme nous l’avons vu précédemment, le bio n’est plus une finalité mais le terrain de jeu de nouvelles tendances en cohérence avec les attentes des consommateurs. En voici de belles illustrations :
La personnalisation cosmétique bio
Elle constitue une excellente alternative entre des soins prêts à l’emploi et la cosmétique D.I.Y où le produit est réalisé de A à Z. Pour toutes les consommatrices ou consommateurs pressés qui veulent reprendre leur beauté en main mais sans y passer trop de temps. Plusieurs marques proposent désormais des bases neutres à personnaliser, métamorphosables en un coup de fouet, certifiées bio, et permettant de réaliser en moins de 5 minutes un soin personnalisé adapté à ses besoins.
Le vrac cosmétique bio
Désormais, il n’est plus la chasse gardée de l’alimentaire et intéresse de plus en plus l’industrie cosmétique. Des bars à vrac se développent de plus en plus en magasins spécialisés et pourraient très vite gagner de nombreux réseaux de distribution. Pourquoi pas en instituts ?Concrètement comment cela se passe ?
Le client se munit d’un flacon 100 ml, 250 ml et de son bouchage, qui pourrait être consigné.
Il peut aussi apporter son flacon, en prenant soin au préalable de s’assurer qu’il soit propre, sec, inodore et qu’il fasse la contenance appropriée.
Il choisit son huile et la contenance souhaitée.
Il procède ensuite au remplissage du flacon. Le système s’arrête automatiquement une fois arrivé à la contenance désirée.
Il bouche le flacon après remplissage et colle l’étiquette d’identification sur son flacon.
Les normes d’hygiène et de traçabilité sont très rigoureuses, plus que pour l’alimentation. Pour garantir l’hygiène en magasin, les produits sont disposés dans des contenants hermétiques à l’air et la lumière, il n’y a aucun contact entre le produit et la machine, cela va directement de la poche vers le flacon. La machine gère également tout ce qui concerne la traçabilité, car tout soin cosmétique vendu doit mentionner sur son flacon, la date limite d’utilisation optimale et le numéro de lot. (Une étiquette est d’ailleurs générée au moment de la distribution du produit.)
Le vegan bio
Jusqu’à présent, il y avait les marques certifiées bio et des marques vegan La certification bio impose un minimum d’ingrédients naturels et d’ingrédients bio dans la formule. Les marques vegan excluent quant à elles tout ingrédient issu du règne animal (cires d’abeille, de soie, de miel ou encore de lanoline), quitte à incorporer des ingrédients synthétiques. Des formules vegan et bio permettent de garantir des formules végétales de qualité.
Le minimalisme bio
Le règne de la cosmétique sophistiquée semble révolu. Désormais, l’heure est à la recherche d’une cosmétique raisonnable, raisonnée, intelligente et minimaliste, prônant non seulement la simplification des formules, leur innocuité mais aussi leur efficacité. Parmi les pistes que les industriels peuvent explorer pour minimiser les formules, l’utilisation d’ingrédients multifonctionnels permet d’alléger les listes INCI.
À titre d’exemple, on trouve désormais sur le marché des émulsifiants performants à l’efficacité prouvée in vivo et/ou in vitro qui apportent des propriétés actives aux formules : ils agissent par exemple en tant que perfecteur de teint, gardent la peau hydratée ou améliorent la biodisponibilité des actifs pour une meilleure efficacité. La minimisation des listes INCI est actuellement l’une des priorités des marques qui souhaitent montrer ainsi leur volonté de simplifier leurs formules.
Conclusion
Alors que les ventes globales de soin du visage et du corps, tous circuits confondus, reculent, des poches de croissance dans l’offre bio et naturelle, répondent aux attentes des consommateurs en quête de cosmétiques rassurant et authentiques. Selon une récente étude de Grand View Research, le marché mondial des cosmétiques bio devrait atteindre 15,98 milliards de dollars d’ici 2020.
Le marché du naturel et du bio n’a donc pas dit son dernier mot. Car il fait partie d’un courant émergent où la routine beauté s’inscrit dans une démarche holistique prenant en compte le style de vie dans sa globalité. La beauté ne passe pas seulement par les soins, mais aussi par l’alimentation, le sport et le bien-être.
Un secteur par conséquent des plus porteurs à surveiller de près pour trouver de jolies inspirations pour votre institut.