L'évolution des soins bio depuis 10 ans .1
Plus qu’une mode, consommer bio est devenu une vraie lame de fond, une réelle volonté des Français de consommer toujours plus responsable, une vraie philosophie qui s’intègre avec brio dans un mode de vie plus holistique.
Aujourd’hui, 57 % des Français achètent des produits cosmétiques et d’hygiène biologiques.
Les raisons de cette dynamique des plus prometteuses ? Les comportements d’achat évoluent -la cible s’élargissant bien au-delà des «bio addicts»- et la distribution s’élargit, notamment avec le développement actuel des marques de distributeurs.
Certes, le marché est encore sous-exploité, mais les perspectives d’avenir sont florissantes et le bio pourrait bien peser 6 % du chiffre d’affaires(contre 2,7 % fin 2018) de l’hygiène-beauté d’ici à trois ans, mais à condition que l’offre se développe.
Les formules ont, quant à elles, beaucoup évolué : plus fines, plus sensorielles, plus high tech…
Le chiffre qui fait mouche. Alors que le marché des soins du visage a enregistré, en 2017, une baisse de 2 % en valeur à 274,10 M€ en GMS, le sous-segment du bio affiche une croissance de 35,1 % à plus de 22 M€.
Aujourd’hui, 57 % des Français achètent des produits de soin et d’hygiène bio
L’évolution des comportements d'achat
Si jadis les cosmétiques bio étaient l’apanage d’une minorité de consommatrices «éclairées» ou «engagées», tel n’est plus le cas aujourd’hui, puisque près de six Françaises sur dix en ont acheté au moins un l’an dernier, soit une proportion qui a presque doublé en huit ans, passant de 33 % en 2010 à 58 % en 2018 (selon l’IFOP).
En 10 ans, avec le développement d’Internet et des réseaux sociaux, nous sommes passés d’une omerta autour des formulations cosmétiques à une information de plus en plus pointue, rendant le consommateur de plus en plus averti et par là-même de plus en plus méfiant sur la composition des produits.
Aujourd’hui, les consommateurs ne veulent plus qu’on leur impose une cosmétique avec laquelle ils ne sont plus forcément en adéquation. Un nombre grandissant d’entre eux veulent se réapproprier une cosmétique qui leur avait échappé et devenir acteur d’une beauté consciente. En un mot, devenir consom’acteur.
Les consommateurs veulent des soins qui rassurent, qui ont un discours sincère, mais aussi des soins ludiques, pratiques et minimalistes.
Au-delà de formulations saines et transparentes, les consommateurs veulent des cosmétiques respectueux de l’environnement et des animaux et sont sensibles à de vrais engagements qui vont dans ce sens.
Quelles sont les raisonsprincipales du passage à la cosmétique bio ?
• À 41 % pour se rassurer (préserver sa santé, consommer des produits sains, préserver sa peau).
• À 26 % pour les valeurs qu’elle génère (préserver la planète, respect des fabricants, consommer de manière éthique).
• À 21 % pour le plaisir (consommer des produits agréables qui font rêver et voyager).
• À 15 % par peur (pesticides, produits chimiques).
De soins sans à des soins qui font sens
En mars 2005, l’émission Envoyé Spécial alertait le grand public sur l’opacité des formules conventionnelles, pendant que l’ouvrage «La vérité sur les cosmétiques» de Rita Stiens révélait au grand jour les dessous des formulations.
C’est dans un climat des plus anxiogènes que les formules INCI des soins conventionnels sont passées au crible et que plusieurs ingrédients vivement critiqués sont condamnés à mort, sans recours possible.
Dès lors, les marques conventionnelles se mettent à nettoyer avec vigueur leurs formules et commencent à appliquer la fameuse politique maketing du SANS (sans paraben, sans phénoxyéthanol, sans phtalates, sans sulfates…), une cosmétique par le vide où l’absence d’ingrédients controversés devient l’argument marketing principal des marques conventionnelles mais également des marques bio qui arrivent sur le marché.
Mais cette cosmétique par le vide finit à la longue par lasser le consommateur qui réclame des comptes aux entreprises et surtout une formule e résolument positive, avec une communication allant de pair.
Depuis le 1er juillet 2019, l’ARPP, à savoir l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité, a mis à jour ses règles de déontologie avec
plusieurs ajouts, notamment un ajout concernant l’allégation SANS. Dorénavant, l’allégation «sans l’absence d’un ou plusieurs ingrédients»est possible si elle ne constitue pas l’argument principal de la communication mais apporte au consommateur une information complémentaire et qu’elle répond aux critères communs : conformité avec la législation, véracité, éléments probants, sincérité, équité, choix en connaissance de cause et aux bonnes pratiques.
Ainsi, le point 2.2 de cette nouvelle recommandation concernant l’allégation SANS stipule que :
a - Afin de contribuer à une image valorisante des produits cosmétiques, la publicité doit être essentiellement consacrée aux arguments positifs.
b - À ce titre, l’utilisation d’une allégation quant l’absence d’un ou de plusieurs ingrédients ou d’une catégorie d’ingrédients qui n’est possible que si cette allégation respecte les conditions spécifiques suivantes :
- Elle ne constitue pas l’argument principal du produit mais apporte au consommateur une information complémentaire.
- Elle n’est pas dénigrante, notamment elle ne met pas en avant un risque ou un danger pour la santé ou l’environnement.
- Elle est loyale et non mensongère, en particulier lorsque l’ingrédient ou la combinaison d’ingrédients peuvent être apportés de manière indirecte, notamment par l’intermédiaire d’une autre matière première.
Source : www.arpp.org
Aujourd’hui, le consommateur moins crédule et plus averti, attend bien plus qu’une cosmétique qui communique par la négative. Si le green washing est loin d’avoir disparu, il est aujourd’hui plus difficile de tromper le consommateur.
Ce dernier veut une cosmétique qui a du sens, respectueuse de sa peau, de sa santé, mais aussi des animaux et de l’environnement ; une cosmétique humble qui ne triche pas et qui fait preuve de transparence envers ses clients.
Si les industriels ont mis du temps à réagir, ils mesurent désormais tous les enjeux qui pèsent sur eux, pour répondre au mieux aux attentes des consommateurs.
Ainsi, nombreuses sont les marques qui jouent aujourd’hui la carte de l’engagement en faveur de la planète, crient haut et fort leurs engagements éco-friendly… et le font savoir.
L’éco-responsabilité est devenue en l’espace de deux ans une tendance forte qui est source d’intérêt à la fois pour l’industrie cosmétique mais aussi pour le consommateur.
Car efficacité et plaisir ne suffisent plus à combler le consommateur. La cosmétique se doit désormais d’avoir du sens.
Efficacité et plaisirne suffisent plus, il faut avoir du sens
Des galéniques plus en phase avec les attentes des consommateurs
Il y a dix ans, les formulateurs avaient une palette plutôt très limitée d’ingrédients cosmétiques naturels et/ou bio. Pas simple dans ces conditions d’obtenir des textures vraiment sensorielles.
Aujourd’hui, la donne a considérablement évolué car la demande a bien évidemment boosté l’offre. Les fournisseurs de matières premières sont de plus en plus nombreux à proposer des catalogues d’ingrédients green, éco-friendly, made in France et high tech, issus de la biotechnologie.
Côté émollients par exemple, l’offre s’est considérablement élargie. Des agents de toucher «silicone-like» (coco-caprylate par exemple) donnent un toucher soyeux et évanescent similaire à ceux obtenus avec les silicones synthétiques, tout en offrant une très bonne capacité d’étalement et tout en pénétrant rapidement sans laisser de film gras.
Même constat du côté des émulsifiants qui permettent désormais de faire des émulsions très intéressantes à l’application, non seulement sans effet savonneux, mais avec des spécificités high tech qui n’ont rien à envier aux émulsifiants conventionnels. 100 % d’origine naturelle, les «sucrose stearate» : ce sont des émulsifiants particulièrement doux, très bien tolérés même par les peaux sensibles. Ils sont aussi appréciés pour leurs propriétés hydratantes et émollientes, laissant la peau douce et souple. Ils sont par ailleurs facilement biodégradables sans incidence sur l’environnement.
Côtés fragrances, de très grandes prouesses ont été réalisées depuis 10 ans. Hier, les parfumeurs n’avaient que très peu de matières premières à leur disposition. Bien souvent, les huiles essentielles utilisées donnaient un rendu trop végétal (avec des notes de foin) et pas toujours très harmonieux. Sans compter que les consommateurs n’étaient franchement pas prêts à passer de fragrances synthétiques à des parfums naturels aussi peu harmonieux.
Aujourd’hui, des éco-parfumeurs, tel que Jean-Charles Sommerard de la Maison de Parfum Sevessence, font un travail d’orfèvre pour donner naissance à des fragrances d’origine naturelle remarquables qui n’ont rien à envier aux parfums de synthèse.
Bon nombre de marques font désormais appel à des grands noms de la parfumerie pour développer une signature olfactive emblématique du concept de la marque.