Esthéticienne et écoresponsable !

Stéfanie Berthe, Douceur de Soi, La Chappelle la Reine 

Cela fait quatre ans que j'ai mon institut. Il est composé d'un espace accueil-vente et de deux cabines. Je travaille avec une employée depuis un an. Je suis madérothérapeute, cornéothérapeute et ne propose que des prestations manuelles. 

Un concept écoresponsable depuis le début

C'est dès l'ouverture de mon institut que j'ai souhaité proposer un concept écoresponsable. Cela était important pour être en totale corrélation avec ce que j'applique dans ma vie quotidienne. Je veux pouvoir mettre en œuvre tout ce qui est possible à mon échelle pour être la plus écoresponsable possible. J'ai cherché au fur et à mesure des étapes ce que je pouvais mettre en place. J'ai également été à l'écoute de mes clientes et de mon entourage. 

Une marque écoresponsable 

Je travaille avec la marque Ekia depuis octobre 2022. Cela me permet d'être précise dans les soins des femmes pré et méno­pausées qui sont mes clientes principales. C'est également une marque qui colle complètement à mon concept puisqu'elle est écoresponsable, biologique et fabriquée en France. Nous avons à disposition des cuillères qui nous permettent de doser plus précisément les cosmétiques utilisés et éviter le gaspillage. Nous recyclons les emballages vides des produits pour les utiliser en vitrine. 

Des mesures écoresponsables en cabine... 

Nous n'utilisons pas de draps d'examens, les clientes viennent avec leur propre serviette. Nous leur remettons un tote bag en coton écologique lors de leur première venue à l'institut afin qu'elles puissent transporter leur serviette. Nous n'utilisons pas de cotons jetables, que des lingettes en bambou lavables. Ces deux mesures permettent de réduire grandement les déchets. En jetable, nous n'avons que les bandes d'épilation et les spatules en bois. Nous n'utilisons pas de technologie non plus afin d'éviter la consommation électrique. 

...et dans les autres espaces de l'institut

Nous n'utilisons pas de papier lors de l'encaissement, le ticket est envoyé par SMS. Nous avons installé une bouteille de sable dans le réservoir des toilettes pour consommer moins d'eau. Nous avons également choisi des ampoules Led pour l'éclairage, bien moins gourmandes en énergie. 

L'écoresponsabilité et les clientes

Mes clientes sont très à l'écoute en ce qui concerne l'écoresponsabilité. Elles jouent le jeu de la serviette à emmener pour leur soin et viennent toujours avec leur tote bag. Cela leur permet, lorsqu'elles font des achats, de ne pas utiliser de sacs jetables. Elles me laissent leurs boîtes de produits pour la vitrine. Elles ont vraiment adhéré à mon concept, sont très à l'écoute et très participatives. 

Les avantages de l'écoresponsabilité en institut

Il y a des choses qui sont très faciles à mettre en place. Avoir tous les soirs des tonnes de poubelles de papier engendre des dépenses inutiles. Au niveau financier, certaines choses peuvent être changées très facilement, tout en tendant vers l'écoresponsabilité. Acheter des rouleaux de papier que l'on va changer toutes les demi-heures a un intérêt très limité... C'est de l'argent à la poubelle! Tout le monde n'est pas nécessairement ouvert à l'écoresponsabfilté chacun peut avoir son point de vue, je vous incite à y tendre en tout cas. Tout ce que je fais est très facile, rien n'est contraignant et on peut mettre ces choses en place petit à petit.


Caroline Lamadon, Bulle d'Éveil, Lezoux

Mon institut ouvert en janvier 2023 est composé de d'une cabine de soin avec un sauna japonais, un espace conseil-vente-repos et un accueil. Avant, j'ai travaillé trois ans à domicile. Mon concept était déjà à l'époque tourné vers l'écoresponsabilité. Je travaille seule, avec les marques Ardevie, Sereni Bio et Cire et Jolie. Tous mes soins sont sur-mesure, mes clientes achètent du temps de soin. Je réalise un bilan et, en fonction des désirs et besoins de mes clientes, j'adapte mon protocole. 

Un concept tourné vers la nature 

J'ai fait le choix de créer une cabane bien-être en ville. J'ai, pour ce faire, beaucoup utilisé le bois pour la conception de mon institut. D'ailleurs, le logo de mon institut est un arbre. 

Le recyclage et le réemploi de tous les déchets À ce jour, je n'utilise pas de matériel jetable pour mes prestations, sauf la cire, car je ne trouve pas de produits à qualité égale en naturel. Les cartons de réception des produits sont récupérés par une société de recyclage qui valorise le carton propre pour le réutiliser. Toutes les feuilles usuelles sont réutilisées pour faire des to do list, des notes ou des copies pour impression. Les déchets alimen­taires et les infusions passent au composteur à la maison. En termes de déchets, je fais une poubelle par mois en fonction de l'activité. En institut clas­sique, j'étais à une poubelle par semaine! 

Un entretien au naturel 

J'utilise des balles de lavage, ce qui réduit consi­dérablement l'utilisation de la lessive écologique achetée en vrac ou en copeaux, j'utilise également des microfibres pour le linge et des serviettes intis­sées pour les épilations. Leur séchage est rapide, il y a un gain de place en machine et, surtout, ce sont des matières issues du recyclage. Pour le nettoyage, j'utilise uniquement des produits à base d'argile et d'huiles essentielles, ainsi que des nettoyants vapeur sans détergent. 

Une décoration responsable 

Les matériaux utilisés pour la décoration sont soit de seconde main ou en bois pour les claustras, comptoirs, présentoirs, beaucoup de meubles ont été fabriqués par mon compagnon. J'ai fait aussi le choix d'utiliser des peintures faibles en émission de CO2, avec une marque française à base de lin. Je n'ai pas modifié la structure du local pour éviter d'apporter trop de charges en CO2. 

Des produits de soin écoresponsables 

En ce qui concerne les produits, je souhaitais avoir une marque pionnière, holistique qui propose des produits en in & out. J'ai donc choisi Ardevie, dont la fabrication est soucieuse de l'impact environnemental. Les flacons en verre brun sont récoltés pour être réutilisés. Pour les flacons d'huile, tube airless, je cherche un circuit de valorisation et j'aimerais mettre en place un partenariat avec Terracycle. 

Il s'agit d'une entreprise de recyclage des déchets difficilement recyclables. La Boîte Zéro Déchet est une solution de recyclage simple qui comprend le stockage, l'expédition et le recyclage des déchets qui ne sont pas actuellement recyclés par les collectivités locales. Le seul bémol est le coût de la boîte qui est d'environ 125 €, à notre charge. Les parfumeries le font pour les bouteilles de parfum. 

Une communication responsable 

Pour ma communication, j'ai fait appel aux services d'une webdesigner spécialisée en éco­conception afin de réduire le volume d'encre sur mes supports de communication, avoir une communication épurée et des papiers labélisés FSC avec une charte qualité exigeante et un label lmprim'Vert pour des encres naturelles. De plus, pour mon site Internet, j'ai choisi un hébergeur clermontois, donc à côté de chez moi, qui a une politique écoresponsable pour ces data centers. Je nettoie très régulièrement mon PC et supprime mes mails pour éviter l'accumulation de données qui nécessitent une grande consommation énergétique pour les stocker. 

Les projets d'avenir 

À l'avenir, je souhaite développer la vente de produits locaux. Je suis en lien avec une créatrice de tissus pour des gants en chanvre et une créatrice de graines et herbes pour proposer des pochons pour le bain, la peau et en infusions. Le seul bémol que je rencontre est sur l'électricité car je suis locataire et c'est un dilemme ... Il faudrait un investissement pour un chauf­fage bien moins gourmand en énergie. Concernant la sylvothérapie, je souhaite développer des balades en forêt avec des exercices d'automas­sage et de respiration, alliés à un parcours de soin. 

Un accompagnement grâce à la formation 

J'ai réalisé une formation Institut Ecoresponsable avec Green Beauty Formation en 2020 . La formation s'est déroulée en visio sur deux demi­journées. Nous avons passé en revue tous les matériaux écoresponsables, les gestes que l'on peut réaliser à son échelle et l'impact sur sa santé et sur l'environnement en tant qu'esthéticienne ou cliente. Cela m'a fait prendre conscience de l'importance de notre environnement de travail. Plus nous pouvons assainir nos lieux et augmenter leur énergie, moins nous ressen­tons de fatigue. Je songe en ce moment à faire une demande de label pour mettre en valeur mes actions auprès de ma clientèle. 

Message aux esthéticiennes 

J'encourage les esthéticiennes à sortir de leurs acquis, à repenser et valoriser notre lien avec la nature. Faisons corps avec la nature pour voir notre beauté s'éveiller.


Peggy Lantier, Un Moment pour Soi, Cagnes-sur-Mer

J'ai créé ma société en 2013. C'est en 2021 que j'ai acheté les murs de mon nouvel institut, composé de trois cabines, et où je travaille avec une apprentie. Nous proposons les prestations traditionnelles mais nous sommes spécialisées en soins du visage. 

Un concept pensé écoresponsable

Dans mon précédent institut, à Saint-Laurent­du-Var, je travaillais avec des marques naturelles et je souhaitais aller encore plus loin, mais le Covid est arrivé et a poussé les instituts vers une surconsommation de consommables afin de garantir une sécurité aux clientes. Cela m'a fait encore plus prendre conscience de la nécessité de tendre vers l'écores­ponsabilité en cabine. C'est donc en ouvrant mon nouvel institut que j'ai fait le choix d'un concept en accord avec mes valeurs, tourné vers le développement durable, pour avoir un bilan carbone réduit. 

Au niveau de la consommation énergétique 

Tous les travaux de l'institut ont été effectués pour que j'aie le moins de consommation énergétique possible. Alors, j'ai fait installer une VMC, mettre de la laine de verre et poser des plaques de BA 13 pour améliorer l'isolation. Pour mes trois cabines, 65 m2, je paye entre 47 et 50 euros d'électricité par mois. Je paye certes plus cher au départ pour la qualité des matériaux mais je rentabilise ces dépenses sur mes factures d'énergie tous les mois. 

En cabine

• En termes de prestations : souhaitant faire évoluer mon concept vers le bien-être, je vais passer au 100 % manuel et arrêter les technologies. Pour mes soins corps, ayant fait le choix de ne pas équiper mon institut de douche, j'utilise des gommages qui fondent au contact de l'eau et qui se rincent facilement avec des oshiboris. Il faut tout penser dans le détail en amont. 

• En termes de matériel : je n'utilise quasiment plus de draps d'examens, d'autant plus que les prix ont explosé. J'utilise du linge lavable. Allo Nature et Biowels proposent du linge intissé sur lequel je rajoute une serviette pour le confort de la cliente en prestation massage. Je n'utilise plus de cotons jetables mais des lavables. Je n'utilise plus de charlottes mais des bandeaux lavables. Pour les épilations, j'utilise de la cire bio et des bandes lavables. Avec tout cela, j'ai environ 15 litres de poubelles par jour au lieu des 45 litres avant ! 

Au niveau des marques

Pour moi, être écoresponsable, c'est travailler avec des marques françaises. C'est important pour le bilan carbone. Aussi, j'ai souhaité des marques qui soient elles-mêmes dans une démarche responsable. J'ai fait le choix d'Estime & Sens, Les Poulettes, Zao, La Canopée et tout récemment, Manucurist. 

Une communication ciblée

Je communique sur lnstagram, Facebook et Google Mybusiness. Je ne distribue plus de flyers, je mets à disposition des QR codes dans mon institut pour que les clientes puissent consulter directement le site Internet. L'imprimerie avec laquelle je travaille pour mes affiches s'investit dans le développement durable avec du papier recyclé et de l'encre végétale.

Les esthéticiennes et l'écoresponsabilité

Selon moi, toutes les esthéticiennes devraient être écoresponsables. C'est une attente de la clientèle. Et puis, vous pouvez vous faire aider dans votre démarche. Lorsque je me suis lancée dans mon nouveau concept, j'avais contacté la Chambre de Commerce et de l'industrie (CCI) pour savoir si mon concept était cohérent et si, en ce sens, je pouvais bénéficier d'aides pour changer mes vitres qui étaient en simple vitrage. La CCI attribue des lettres comme pour la consommation énergétique, de A à D. Des techniciens se sont déplacés dans mon institut afin de réaliser des mesures. Je me situe entre le A- et le B + à cause des vitres. J'attends leur réponse pour savoir je pourrais bénéficier d'aides pour les travaux des vitres. 

Message aux esthéticiennes 

N'hésitez pas à passer cette phase de transition, même si cela vous prend quelques mois. Vous pouvez vous faire aider par la Chambre de Métiers ou la CCI. Le pôle économique de votre mairie peut aussi vous conseiller, des budgets peuvent être alloués pour aider les entreprises dans leur transition. Les clientes de demain sont très sensibles à l'écologie. Et puis, comme tous les autres secteurs, les esthéticiennes ont un rôle à jouer dans la préservation de l'environnement. Notre métier, c'est le bien-être, cela va de pair.