Ça bouge dans la beauté verte !
Une labellisation toujours plus exigeante
Avec une croissance annuelle d’environ 14 %, le bio attire de plus en plus d’intervenants soucieux de participer à cette envolée. D’où l’importance, pour préserver l’éthique rattachée à cette démarche et surtout éviter de tromper les consommateurs sur la marchandise, de mettre en place des certifications de qualité.
Il existe différents labels au niveau international et notamment au niveau européen, chacun d’entre eux possédant son propre cahier des charges. Depuis janvier 2017, c’est le label COSMOS (COSmétique Organic Standard) développé par cinq grandes certifications européennes (Cosmebio et Ecocert en France ou encore BDIH en Allemagne, ICEA en Italie et SOIL Association en Grande Bretagne) qui est devenu le référentiel avec des normes encore plus strictes : 95 à 100 % d’ingrédients naturels, 95 à 100 % d’ingrédients bio sur les ingrédients végétaux et au maximum 5 % d’ingrédients approuvés dans une liste restrictive. Sans oublier deux nouveaux critères : 20 % d’ingrédients bio au lieu de 10 % sur le total des ingrédients avec l’eau et uniquement des ingrédients biodégradables. De nouveaux critères qui assurent une vraie transparence vis-à-vis de la clientèle et qui pourront évoluer en fonction des nouveautés technologiques ainsi que de l’accroissement de la production biologique.
Bonne nouvelle : les textures des produits bio sont en train de changer
Les ingrédients qui font l'actualité
La vague de la cosmétique bio pousse les laboratoires à chercher dans la nature de nouveaux actifs, à la fois efficaces et dont la cueillette ou la production sont sans impact négatif sur l’environnement. Parmi les ingrédients qui montent, ceux qui se font remarquer sont :
Le chanvre
Son nom latin «Cannabis Sativa» fait immédiatement penser à la fameuse plante aux propriétés psycho-actives (dont le nom latin est «Cannabis Indica»). Mais en France, la législation est claire : pour l’instant, il est interdit d’utiliser les variétés de chanvre contenant la substance psychotrope, le THC et/ou du CBD ou Cannabidiol, un autre actif majeur de la plante et ce même si certaines marques surfent sur ce petit parfum d’interdit en mettant en avant le mot cannabis sur leur gamme. En réalité, à l’heure actuelle, seule est autorisée l’utilisation de fibres et de graines de chanvre. Et c’est justement des graines que l’on extrait une huile qui a attiré l’attention des formulateurs de produits bio. Encore plus riche que l’huile d’argan en acides gras et ultra-concentrée en Oméga 3, elle possède des propriétés hydratantes, anti-oxydantes et anti-inflammatoires qui la rendent particulièrement intéressante pour le soin de la peau. Un actif à suivre avec l’évolution possible de la réglementation en matière d’utilisation de la molécule CBD.
Le quinoa
En plus de ses vertus nutritionnelles, cette petite graine venue des hauts plateaux d’Amérique du Sud offre de nouvelles ressources à la cosmétique. Sa richesse en protéines végétales, appréciée dans les régimes végétariens et sans gluten, est également un atout pour renforcer la barrière cutanée, réparer la fibre capillaire et réduire les pics de sébum. L’écorce de graine de quinoa renferme par ailleurs des polyphénols et des saponines qui, une fois intégrés à un cosmétique, permettent de nettoyer et exfolier en douceur, de façon 100 % naturelle !
Les algues
Archi-connues et déjà dépassées ? Rien n’est moins sûr ! En effet, de nombreux ingrédients présentés par les grands fournisseurs de matières premières et d’actifs novateurs au salon In-Cosmetics Global 2019 qui s’est tenu à Paris en avril dernier, sont des algues issues du monde entier : de France mais aussi de Corée ou encore de Patagonie, preuve qu’elles n’ont pas livré tous leurs secrets. Ressource naturelle par excellence, ces micro-végétaux marins intéressent la cosmétique notamment pour leurs effets désensibilisants et protecteurs face à la pollution. Soumises dans leur milieu naturel à des conditions extrêmes, elles ont en effet développé des qualités de résistance hors normes.
Des textures de rêve sans chimie
En l’espace de quelques années, les consommatrices de produits de beauté se sont habituées à utiliser des textures légères, faciles à appliquer et au fini impeccable. Autant de qualités liées à une composition à base de matières premières pétrosourcées (c’est-à-dire issues de la chimie et des dérivés du pétrole) et autres composants de synthèse. C’est le cas notamment des paraffines et surtout des silicones, très largement utilisés en cosmétique conventionnelle pour l’effet velours qu’ils procurent.
En bannissant ces ingrédients, la cosmétique verte a longtemps été confrontée à des problèmes de textures, certes respectueuses de l’environnement mais également plus lourdes et moins agréables.
La donne est en train de changer grâce à une recherche dynamique qui proposent désormais de vraies alternatives comme par exemple des agents texturants à base d’amidon de pomme de terre dotés de propriétés gélifiantes, qui permettent de retrouver ce toucher satiné propre aux silicones.
Objectif zéro déchet et 100 % recyclable
En toute logique, la cosmétique verte ne se préoccupe pas que du contenu, elle pousse sa démarche jusqu’au contenant et oblige les industriels du packaging à faire leur propre révolution. Du carton d’emballage aux encres d’impression, tout est passé au crible sans oublier le flaconnage. En dehors du verre, une valeur sûre 100 % recyclable mais qui a l’inconvénient de la fragilité, la recherche s’oriente vers des bioplastiques, biosourcés et/ou biodégradables. Quelle différence entre les deux ?
- Les plastiques biosourcés proviennent généralement de matières premières végétales (algues, protéines de soja ou de maïs, coton, bois, résidus de l’agriculture...) mais ils ne sont pas forcément biodégradables.
- Les biodégradables, en revanche, sont décomposés par des microorganismes : bactéries, champignons ou enzymes, sur un temps plus ou moins long. Il faut que tous les constituants (polymères, additifs, etc.) soient biodégradables pour obtenir une biodégradabilité à 100 %, d’où l’intérêt d’utiliser en priorité des mono-matériaux, dont on peut prévoir la dégradation en quelques mois au lieu de plusieurs années.
Ces matériaux, déjà présents en cosmétique, ne cessent de gagner du terrain et n’ont pas fini de réserver de belles surprises dans les années à venir !