Ingrédients cosmétiques : suspects ou pas ? (2)

Les composantes à visée cosmétique

Si les produits de beauté ont fait autant de progrès en termes d’agrément, c’est en grande partie grâce à ces composants qui apportent douceur, légèreté, glissant, en un mot une véritable dimension de plaisir ! On leur trouve désormais quelques défauts, faut-il pour autant s’en passer ?

Les silicones

Des crèmes aux soins capillaires en passant par le maquillage, ils sont quasiment partout ! Constitués de silicium, ils se présentent sous forme d’huiles ou de gels plus ou moins denses et on les repère aisément dans les formules grâce à leurs noms se terminant par «iloxane» ou «icone» (par exemple cyclotetraxyloxane ou diméthicone). On sait désormais qu’ils sont peu biodégradables et qu’ils peuvent laisser des résidus sur la peau et les cheveux sans toutefois être aussi occlusifs qu’on le dit parfois. Ils ne soignent pas, leur effet est uniquement superficiel mais ils sont a priori sans danger pour la santé, à l’exception de certains d’entre eux, récemment identifiés comme perturbateurs endocriniens : le Cyclotetrasiloxane D4, le Cyclopentasiloxane D5, le Cyclohexasiloxane D6.

Le conseil cosméto : pour bénéficier des avantages des silicones sans en avoir les inconvénients, la bonne stratégie consiste à alterner les produits «avec» et «sans». Cela permet d’éviter l’accumulation d’éventuels résidus.

Les PEG

Il s’agit d’un acronyme qui regroupe la famille des polyéthylènes glycols. Utilisés pour dissoudre, émulsifier ou faire mousser, ils sont appréciés pour leur effet humectant sur la peau et leur capacité à favoriser la pénétration des principes actifs à l’intérieur de celleci. Un avantage cosmétique certain mais à double tranchant car la peau, plus perméable, pourrait alors laisser passer des ingrédients aux propriétés irritantes, allergisantes ou carrément toxiques. Leur faible concentration dans les produits permet toutefois de limiter largement ce risque et d’assurer une bonne tolérance. Ce qu’on peut surtout reprocher aux PEG, c’est d’être fabriqués à l’aide d’un procédé polluant, raison pour laquelle il est totalement banni des cosmétiques bio.

Le conseil cosméto : les peaux fines et fragiles n’ont pas intérêt à utiliser des produits avec PEG car leur barrière protectrice est déjà naturellement poreuse. Par mesure de précaution. Il faut également éviter de les conseiller aux futures mamans.

Les sulfates

Ils regroupent l’ensemble des tensioactifs qui forment la mousse dans le gel douche et le shampooing, et dont l’action détergente permet de dissoudre corps gras et impuretés. Ce sont les marques elles-mêmes qui ont jeté le doute sur ces ingrédients en affichant sur leurs produits la mention «sans sulfates». Que leur reproche-t-on ? À haute dose, d’être décapants, voire irritants, car ils éliminent le film hydrolipidique protecteur. En réalité, tout est question de dosage. Inutile d’en mettre 30 % dans un gel de douche pour nettoyer correctement l’épiderme ! L’effet détergent du SLS (Sodium Lauryl Sulfate) et de l’ALS (Ammonium Lauryl Sulfate) que l’on retrouve le plus fréquemment dans les produits nettoyants, peut être facilement compensé par une diminution de leur concentration et l’ajout d’agents apaisants ou surgraissants. C’est d’ailleurs le cas dans les cosmétiques bio qui ont le droit de les utiliser dans leur formule compte tenu de leur origine végétale.

Le conseil cosméto : contrairement à certaines idées, la mousse n’a aucun pouvoir nettoyant, c’est juste le petit plus plaisir ! L’alternative aux sulfates existe avec une nouvelle génération de formules non moussantes mais tout aussi efficaces pour nettoyer parfaitement le corps et le cuir chevelu.

Les huiles minérales

Au début du XXème siècle, la cosmétique moderne a largement remplacé les huiles d’origine naturelle par ces huiles minérales dérivées des hydrocarbures, en clair du pétrole. D’abord considérée comme un progrès écologique (plus besoin de récupérer le blanc de baleine pour fabriquer le rouge à lèvres, par exemple), cette substitution pose question. Connues sous le nom de petrolatum, paraffine, ceresin, isododecane en fonction de leur consistance plus ou moins fluide, elles sont quasiment dans tous les cosmétiques actuels, sauf dans les gammes bio, et peuvent même représenter l’ingrédient majoritaire, notamment dans les baumes pour les peaux ultra-sèches et squameuses, les baumes et rouges à lèvres et les formules anti-déssèchement pour les cheveux. Très stables et peu chères, non allergisantes car totalement inertes sur la peau, les huiles minérales ont les défauts de leurs qualités : elles restent en surface et ont juste un effet occlusif sans aucun apport de vitamines ou d’acides gras essentiels, contrairement aux huiles végétales, évidemment plus chères. La critique porte également sur leur procédé de fabrication très polluant. Compte tenu de leur présence massive dans les cosmétiques, la bonne attitude consiste là encore à rechercher l’équilibre : elles sont utiles sur les peaux ultra-sèches, sans doute moins dans un baume à lèvres qui sera certainement plus protecteur et plus réparateur s’il contient des huiles végétales.

Le conseil cosméto : sensibilisez vos clientes à l’aspect occlusif des huiles minérales. Si leur peau a tendance à faire des comédons ou des petits boutons, l’utilisation systématique de produits de maquillage contenant des huiles minérales risque d’aggraver ces problèmes cutanés.

Les huiles estérifiées et hydrogénées

Dans les deux cas, il s’agit d’huiles qui proviennent du monde végétal mais elles ont subi des procédés de transformation afin de rendre leur consistance plus facile à travailler en cosmétique. En quoi cela impacte leurs propriétés ? Voici quelques explications.

Les huiles hydrogénées

On les repère sous l’appellation Hydrogenated, Dihydrogenated, Bis-Dihydrogenated, squalane. Elles ont mauvaise presse dans le secteur alimentaire car accusées d’apporter dans l’organisme des acides gras trans qui bouchent les artères et favorisent le processus inflammatoire. Au niveau de la peau, en revanche, ces effets nocifs sont beaucoup moins évidents, compte tenu des faibles quantités appliquées ! Ces huiles rendues solides par hydrogénisation assurent une meilleure stabilité aux émulsions et sont moins sensibles à l’oxydation, tout en donnant aux crèmes une texture plus ferme et plus agréable à appliquer. Un bénéfice sensoriel qui s’opère toutefois au détriment des vitamines et acides gras présents dans l’huile végétale d’origine, mais qui disparaissent malheureusement lors de l’hydrogénisation.

Le conseil cosméto : pour améliorer la sensorialité d’un produit, mieux vaut privilégier les huiles estérifiées qui elles, ne contiennent pas d’acides gras trans.

Les huiles estérifiées

On les reconnaît dans la liste INCI sous le nom de Caprylic, Capric Triglyceride, Dicaprylyl Ether, Isopropyl Palmitate…. Ces huiles sont des dérivés de corps gras naturels obtenus en combinant les molécules d’huile avec des alcools gras, naturels ou synthétiques. Elles ont ainsi donné naissance à la génération des huiles dites «sèches», au toucher soyeux et non gras, très apprécié en cosmétique. Le principal problème, c’est qu’elles perdent dans l’opération une bonne partie de leurs nutriments. On peut toutefois compenser ce déficit par l’apport d’autres actifs et il n’existe par ailleurs aucune autre restriction à les utiliser.

Le conseil cosméto : pour vérifier la qualité d’un produit qui vante les bienfaits des huiles naturelles, vérifiez la place des huiles estérifiées dans la formule. Si elles se situent en fin de liste, elles sont juste là pour alléger la texture et la rendre plus agréable à appliquer. Tout en haut, en revanche, elles font partie des composants majeurs et l’efficacité cosmétique s’en trouve forcément amoindrie.

Le vernis, un cas d'école

Du formaldéhyde au phtalate en passant par le toluène, pratiquement tous les composants des vernis à ongles sont sur la liste noire pour leur action irritante, allergisante ou carrément toxique. Et même si certaines marques ont fait beaucoup d’efforts pour éliminer les ingrédients les plus à risque, ces produits sont loin d’être inoffensifs. Les plus exposées sont les manucures et prothésistes qui les manipulent à longueur de journée et pour qui l’utilisation d’un masque protecteur est de mise.