Ces actifs qui sortent des sentiers battus

Le cannabis  

Oui ! La détente favorise une belle peau.

Nous le savons d’une manière générale, mais en l’occurrence le cannabis apporte plus que de la détente. C’est un concentré de trésors d’actifs pour la protection, la régénération et la pureté cutanées.

Mais il est très important de faire la part des choses dans l’utilisation cosmétique de cette plante qui est principalement perçue comme un psychotrope en vogue depuis les années hippies.

Pour mieux comprendre, j’ai fait appel à Laure Bouguen, Fondatrice et Directrice de Ho Karan, la seule marque qui utilise le chanvre pour la totalité de  ses produits. Elle est tombée dans la marmite depuis l’enfance et a construit patiemment sa carrière sur cette plante dont elle est la fervente promotrice.

Le cannabis dans l’industrie

Le cannabis (issu du chanvre) est une plante qui est utilisée dans 4 industries :

• Le cannabis médical dont l’ingrédient principal est le CBD, un cannabinoïde, le cannabidiol, utilisé à des fins thérapeutiques, anti-douleur, très apaisant, anti-épileptique, calmant des effets de la sclérose en plaque, et avec des propriétés toujours en développement. Le CBD n’a aucun effet psychotrope. Il n’est pas addictif. Il est extrait d’une variété de chanvre inscrite au code de la santé publique. 

• Le cannabis bien-être utilisé en cosmétique, dans les compléments alimentaires et dans l’alimentation. Il ne contient que du CBD et pas de THC. Le CBD est non psycho-actif.

• Le cannabis récréatif qui contient du THC (tétrahydrocannabinol) psychotrope est interdit en France. Il est psycho-actif. Il modifie les états de conscience du consommateur en le faisant «planer»

• Le cannabis industriel dont on n’utilise pas la fleur mais la tige et les racines, pour faire du textile, du papier, des isolants, du BTP, des carburants, etc. 

Le cannabis en cosmétique

En cosmétique, on utilise beaucoup le cannabis car il soulage les différents stress liés à la déshydratation et au vieillissement.

Plante multiple, le cannabis est reconnu comme anti-inflammatoire, anti-séborrhéique, anti-oxydant, et protecteur de la peau.

On le retrouve beaucoup dans l’anti-âge dans la gamme «Reboot» de Ho Karan car, associé au pro-collagène, il aide à la régénération de la peau.

L’huile qui est issue des graines (cannabis sativa oil) est très riche en acides gras essentiels.

Elle reconstitue le film lipidique, prévient le dessèchement, protège des agressions extérieures. Cette huile a le même profil lipidique que le sébum, si bien qu’elle n’obstrue pas les pores contrairement à l’huile de coco par exemple.

Elle s’applique sur toutes les peaux sans problème. La fleur est également exploitée. Il y a deux grandes familles de molécules dans la fleur : les cannabinoïdes et les terpènes. Les terpènes sont antibactériens et associés au zinc, purifient la peau.

La tige contient des cannaflavines, les vitamines qui donnent de l’éclat. Jusqu’à la tige qui donne le carton des packagings de la marque. La législation exige de noter «0 % de THC» sur les emballages afin de tranquilliser les consommateurs. 

Focus sur la marque Ho Karan

C’est actuellement la seule marque complète à base de cannabis. Tous les besoins de peau sont abordés et traités grâce à des huiles, sérums et crèmes. La marque est unisexe et ne concerne que le visage.

Laure Bouguen, sa fondatrice, passionnée et engagée, se définit comme une «activiste enthousiaste» faisant beaucoup d’interventions toujours positives et bienveillantes.

Elle s’est décidée à travailler avec le chanvre car ses grands-parents bretons avaient d’immenses champs de cannabis qu’ils destinaient à l’industrie du papier. Elle a toujours connu cette plante et n’a découvert ses effets psychotropes que très tard.

Pour elle, la plante faisait partie de l’héritage familial ! Elle a su néanmoins s’entourer de grands professionnels de la recherche en biochimie, en pharmacie, en formulation et en R & D.

Les actifs du maquillage bio 

L’essor de la cosmétique bio avance tous les jours et trouve ses applications avec de plus en plus de performances et avec une sensorialité enfin affirmée.

Car, longtemps, les parfums ont été intolérables et les galéniques tristounettes.

C’est, à présent, chose réparée, car les marques bio ont enfin la place qu’elles méritent.

Par contre, il n’en a pas été de même pour le maquillage. Celui-ci est plus complexe. Les ingrédients qui le composent sont ou bien toxiques ou, dans le meilleur des cas, ont une rançon peu respectueuse de la peau (pores bouchés, peau asphyxiée, etc.).

Et pourtant les fonds de teint sont somptueux, voire traitants, et nous aurions du mal à nous en passer, les mascaras habillent le regard de façon addictive, vous savez que les vernis à ongles conventionnels sont très agressifs mais quelles griffes s’en passeraient ?

Les vernis green voient le jour depuis quelques années, et c’est un succès grandissant. Les fonds de teint et les ombres à paupières trouvent une alternative avec les poudres minérales et certaines crèmes colorées.

Le rouge à lèvres bio...

Pour les rouges à lèvres, c’était plus compliqué : manque de couvrance, utilisation de mica, peu de tenue. Bref !

J’ai enquêté et j’ai trouvé une marque avec un vrai concept : All Tigers. Son fondateur Alexis Robillard a partagé avec nous sa vision, sa démarche et ses secrets de fabrication. Tout d’abord, l’affirmation très moderne : «Le rouge parfait green, vegan et férocement stylé». Tout est dit.

Vous rendez-vous compte qu’une femme ingère jusqu’à 2 kg de rouge à lèvres dans sa vie et principalement un extrait de la pétrochimie, origine animale ou autres composants discutables.

Donc, le souci pour les rouges à lèvres que nous voulons couvrants, protecteurs, longue tenue et si possible naturels, est l’usage de certains pigments comme le carmin, extrait des cochenilles qui peut être bio mais est quand même un petit insecte, parasite, suceur de sève ! Ouh la la !

Est-il possible du coup de cocher toutes les cases bio avec toutes les contraintes ? Non pas tout à fait. Mais c’est bien de savoir précisément comment s’en approcher. 

Focus sur la marque All Tigers

Si j’ai choisi d’aborder cet article et cette recherche avec All Tigers, c’est qu’il s’agit d’un cas d’école qui nous permet de voir ce qui est possible et ce qui va s’améliorer dans les temps à venir car, concrètement, nous y allons et nous sommes toutes prêtes à lâcher un peu d’artifice pour une meilleure sécurité de santé.

Donc, au moins 82 % d’ingrédients d’origine naturelle. Les formules ont été testées par Composcan et l’appli Yuka qui jugent les compositions de la marque : excellente.

Consultez l’INCI sur les packagings et vous constaterez que la distribution des actifs est très respectueuse. 

Le vernis bio

Concernant les vernis, il est possible d’avoir sans problème des vernis à ongles sans pétrochimie et avec des ingrédients safe et sourcés.

Un vernis classique est à base de composants soupçonnés d’être toxiques, potentiellement perturbateurs endocriniens, voire cancérigènes.

Donc, les ingrédients sont si connus que l’habitude s’est installée d’écrire sur les packaging la dénomination «6 free ou 7 free», ce qui signifie «sans 6 ou 7 des ingrédients polémiques».

C’est-à-dire qu’on définit par ce qui n’est pas. C’est un premier pas. Néanmoins, il est possible, et c’est prouvé, que les formules peuvent être au plus près du naturel, mais pas bio (d’ailleurs la preuve est qu’aucun label ne peut certifier un vernis bio). Ce sont tous des compromis.

Mais l’avenir nous offrira sans doute des progrès en ce domaine.

All Tigers a le mérite de son intelligence de situation et de composition. La marque a su intégrer les apports mesurés du synthétique en le mariant avec le maximum de naturel.

Donc, nous avons un cocktail d’ingrédients soin comme la glycérine, la centella asiatica, le bambou source de silicium.

Parmi les ingrédients de base : des dérivés de manioc, de canne à sucre, de coton, de pomme de terre ou de maïs, etc.

Et concernant la couleur : plusieurs pigments mais aucun d’origine animale. Donc, en résumé, une approche naturelle, lucide sur les limites et qui en joue avec intelligence et respect et un joli produit qui fait envie. 

La centella asiatica 

Évoquer cet ingrédient, c’est entrer de plain-pied dans un univers de légendes et d’allégations impressionnantes tant sur le plan médical que cosmétique. Les gens qui l’utilisent ont un tel discours enthousiaste qu’il confine au fanatisme, cela me rend prudente...

• La légende en Inde : les tigres blessés se roulent et se reposent dans les zones couvertes de centella, guérissent très vite et se régénèrent comme par miracle. Ce qui a donné à la centella asiatica le surnom d’«herbe du tigre».

• La centella pousse en Inde, Chine, Indonésie, Australie, où elle fait partie de la pharmacopée traditionnelle chinoise et ayurvédique, identifiée comme un cicatrisant et un régénérant général.

• Elle est très connue à Madagascar comme un remède guérissant les lésions des lépreux.

• Et au-delà des pharmacopées du monde entier, c’est un actif phare d’exception en cosmétique. Nous allons revenir en détail sur cet aspect qui vous intéresse en priorité. 

La centella asiatica, de la plante, à l’ingrédient et à l’actif

C’est une plante herbacée rampante et semi-aquatique de la famille des Apiaceae qui pousse à une altitude d’environ 700 mètres. Ses feuilles vertes ont une texture douce et ses petites fleurs roses et vertes sont disposées en ombrelle.

La plante est mature en trois mois et on la récolte intégralement (y compris les racines).

Ce sont les feuilles et les tiges qui ont un usage cosmétique. Elle est utilisée depuis la nuit des temps pour traiter les blessures, les problèmes cutanés et les troubles veineux.

C’est également un régénérant des cellules nerveuses, améliorant la concentration et la mémoire.

Dans le domaine cosmétique, son utilité au niveau de la synthèse du collagène et la régénération des tissus a été démontrée.

Pour aller plus loin, les saponosides et triterpènes, constituants de la centella asiatica, stimulent le collagène naturel et interne des cellules cutanées et ont une activité oxydante grâce aux composés phénoliques présents dans les feuilles, les racines et les pétioles de la plante. 

Focus sur la marque Cosmetics 27

Tous ces éléments, je les ai compris au cours de mes échanges avec Michèle Evrard, pharmacienne d’origine, qui a créé un laboratoire, Cosmetics 27, autour de la plante qui la passionnait : la centella asiatica.

La gamme de la marque est courte mais intelligemment mixables afin de se rapprocher au mieux du «sur-mesure». Mais au-delà d’une stratégie de marque, pourquoi la centella asiatica ? Il y a tant d’ingrédients précieux en cosmétique.

Pourquoi celui-ci en particulier ? C’est une véritable plante de longévité dont l’expression correspond à la cosméceutique pour la synergie entre cosmétique et médicament pharmaceutique.

Elle va traiter, comme nous l’avons vu précédemment, l’hydratation, l’anti-âge, la circulation, la cicatrisation et la douceur de la peau.

En conclusion, la centella asiatica est un actif très connu mais c’est sa concentration et l’intelligence de formulation qui en font un vrai produit de bio-mimétisme.

Celui-ci va se fondre dans la peau qui va l’adapter en fonction de ses besoins. 

La poudre de coquille d'huîtres 

Lorsqu’on parle d’actifs pour la santé ou dans la cosmétique, les ingrédients minéraux sont fondamentaux, car ils font partie de la cellule et leur carence a un impact évident sur l’équilibre global et sur la qualité de la peau.

Plusieurs marques de cosmétiques intègrent dans leurs formules des oligo-éléments ou des extraits minéraux.

Le carbonate de calcium biosynthétisé, présent dans la coquille d’huître, peut se fondre dans les baumes, dentifrices, shampooings, masques, laits de douche, etc., avec à chaque fois des potentiels différents.

Le calcium qu’il contient est naturellement assimilable par l’organisme.

Ainsi, l’ostreashell, la poudre de coquille d’huîtres dans un shampooing est volumisant, dans un dentifrice, elle nettoie en douceur l’émail et empêche ainsi l’apparition de plaque dentaire, dans la poudre de douche, elle enrichit l’épiderme en oligo-éléments, dans la poudre exfoliante, elle contribue au renouvellement cellulaire, dans le baume corps, à base de karité et d’ostreashell, elle est nourrissante pour la peau.

En termes d’écologie, l’ostreashell est une source naturelle marine inépuisable, les collectes manuelles sont raisonnées et cette poudre valorise ce déchet coquillé.

C’est un «retour au berceau» pour cet ingrédient qui vient de la mer, qui va servir aux humains et dont les surplus vont retourner à la mer sans aucune pollution.

Il est approuvé par Cosmos, certification valable pour les ingrédients respectueux de l’homme et de son environnement.

Des développements sont en cours autour du maquillage. On s’en doute, les poudres minérales sont très appréciées dans les fards bio : fonds de teint, poudres, blushs.

J’ai pu le constater, l’ostreashell est très inspirante et appréciée en tant qu’actif pour la cosmétique.

Focus sur la marque Perlucine

Pour mieux comprendre et faire cette enquête, j’ai rencontré Sophie Boutigny qui gère la marque Perlucine et Stéphanie Dabin, responsable R&D.

L’originalité de Perlucine est l’utilisation de l’ostreashell, la poudre de coquilles d’huîtres cueillies naturellement sur les plages bretonnes. Lorsque nous pensons à la poudre d’huîtres, on peut se demander comment cette poudre minérale peut s’incorporer dans un produit.

Au premier abord, ça va gratter et ne pas s’intégrer si simplement dans une crème.

Du coup, Stéphanie Dabin m’a expliqué qu’à l’origine tout a commencé avec les microbilles de plastique présentes dans les gommages et leur interdiction pour des raisons écologiques. Il fallait trouver une alternative.

Tout naturellement, l’équipe s’est tournée vers les huîtres qui jonchent les plages. Les exfoliants étaient superbes et ont séduit les utilisateurs. C’était efficace et beau avec des particules nacrées en suspension dans les produits.

Le laboratoire a du coup analysé le véritable impact des produits et a découvert que tout allait au-delà des gommages. Il fallait simplement produire des poudres de particules très fines.

Ainsi, elles apportaient une véritable reminéralisation de l’épiderme.